À Faden House, l'hôtel de Martin Fayulu, un tumulte inhabituel brise le silence habituel. Des militants en colère se sont rassemblés, criant et vociférant devant un Martin Fayulu au visage impassible.
C'est l'une des dernières réunions avant la manifestation prévue le 27 décembre, visant à protester contre la gestion du processus électoral et à réclamer de nouvelles élections. Parmi les militants se trouve Felly, tout juste sorti de l'hôpital, mais apparement déterminé à ne pas abandonner ses camarades, malgré les points de suture à la nuque, au nez et sur ce qui reste de ses doigts de la main gauche.
Dans un récit poignant, Felly partage son expérience. "Je participais à notre carnaval dans le cadre de la campagne électorale. Nous avons commencé par l'UPN et nous sommes arrivés à Gramalic. À la radio, les leaders politiques étaient appelés à bien encadrer leurs militants. Notre carnaval était censé se dérouler dans le calme et la paix."
"Nous pensions que nos adversaires politiques étaient avertis. Et nous criions le numéro d'ordre de notre candidat. C'était le mercredi précédant la fin de la campagne électorale."
Il explique : Voici mes mains, mes doigts sont partis. Alors que nous étions dans la rue, nous avons vu les membres de la 'Force du progrès'. J'étais celui qui arborait le numéro 21. D'autres étaient habillés normalement."
Il continue : « Ils m'ont attaqué, affirmant que j'étais le leader en raison du numéro 21 floqué sur mes habits. Ils m'ont poursuivi, cinq en tout, armés de machettes et de morceaux de bois."
Le regard perdu, il poursuit : "J'ai essayé de m'échapper, me réfugiant même dans une parcelle. Ils m'ont rattrapé. Le premier coup de machette m'a blessé au nez. Celui qui était derrière moi m'a assommé avec un autre coup à la nuque. Regardez les points de suture."
Felly est encore marqué dans sa chair et son esprit : « Je suis tombé. Le sang giclait, et les témoins ont commencé à pleurer. Les habitants du quartier, effrayés par les membres de la 'Force du progrès', n'ont pas osé me secourir. Ces gens se sont ensuite attaqués à mes autres camarades. Les images ont circulé, vous les avez vues."
"Dieu m'a aidé. Quand ils sont revenus vers moi, j'étais à terre. Ils m'ont attrapé et, à coups de machette, m'ont frappé à la main droite, m'amputant de mes doigts. Ils n'avaient aucune pitié."
Il a eu beaucoup de chance : « Les gens sont ensuite arrivés, ont tenté de me ramener à l'hôpital. Ils m'ont nettoyé. J'ai donné mon identité. Je suis Felly, j'habite à Malueka."
Peu après, un policier est venu à l’hôpital : « Au lieu que l'OPJ mène ses enquêtes, il est venu me demander quel est le dernier mot que je laisse à ma famille biologique et à ma famille politique. Je lui ai dit que je n'avais pas de mot à laisser. Je survivrai. Je n'ai provoqué personne. Je n'ai rien volé. Je n'ai rien fait de mal. Je suis innocent. Je vais vivre."