Des milliers d’enfants ne vont pas à l’école suite à la situation sécuritaire précaire que traverse la province du Nord-Kivu. Plusieurs enfants qui vivent dans des camps des déplacés dans la ville de Goma et ses environs sont également concernés par cette situation. Au-delà de l’éducation, ils n’ont pas accès à la nourriture, aux soins de santé de qualité et autres. En cette journée internationale de l'enfance, célébrée chaque le 20 novembre, plusieurs intervenants dans le domaine rappellent au gouvernement congolais, l’urgence de terminer cette guerre d’agression qu’impose à la RDC, son voisin le Rwanda.
« Écoutons l'avenir », c'est le thème retenu cette année pour célébrer la Journée mondiale de l’enfance. Mais l’avenir des enfants cantonnés dans plusieurs sites des déplacés dans la ville de Goma et ses environs est incertain. Le cas du site de Lushagala, situé dans l'Ouest de la ville volcanique où nombreux ne vont pas à l’école.
« Nous sommes nombreux à ne pas se rendre à l’école parce que nos parents n'ont pas l'argent pour payer les frais scolaires. Même nos plus petits ne vont pas à l’école parce qu'on n’a pas su les acheter les fournitures scolaires. Nous souhaitons être en sécurité, en bonne santé et instruits, en plus d’être protégés contre la guerre et les aléas climatiques. Nous souffrons énormément au camp. Nous voulons rentrer chez nous », a témoigné Jérémie Katembo, élève de la 8e année de l’Institut Kamuronza, rencontré dans le site des déplacés de Lushagala.
Certains parents déplacés ont eu des difficultés financières pour acheter des fournitures scolaires à leurs enfants.
« La situation est catastrophique. Les enfants sont nombreux dans les salles de classe ici à Sam-Sam. Une salle de 50 enfants reçoit plus de 200 voire 250 élèves et plus. Comment cet enfant va étudier dans ces conditions parce que nombreux étudient à même le sol. Ils n'ont pas de pupitres. D’autres n’ont même pas de fournitures scolaires parce que les parents sont démunis », regrette un parent d’élève qui a fui la guerre à partir de Shasha dans le territoire de Masisi, aujourd’hui déplacé dans le site de Sam-Sam.
Ces enfants sont tout de même exposés au recrutement par force dans des groupes armés locaux et d'autres le sont déjà dans des zones sous contrôle du M23, déplore Bernard Kanyama de la société civile de Masisi.
« Si le gouvernement ne rétablit pas la paix, très rapidement, on risque d’abrutir tous les jeunes du territoire de Masisi parce qu'ils auront le temps d'aller se faire enrôler par force dans le M23 en regagnant dans leurs villages pour aller étudier. C'est pourquoi nous demandons aux jeunes, partout où ils sont d’être très vigilants et de ne pas céder au jeu de l’ennemi. La jeunesse est l'avenir d’aujourd’hui et de demain », a fait savoir Bernard Kanyama, porte-parole du conseil territoire de la jeunesse de Masisi.
« Ces enfants ont droit à l’éducation. Nous demandons aux autorités de finir la guerre rapidement afin de ne pas compromettre l'avenir de ces enfants », plaide, pour sa part, Léopold Mwisha, président de la structure citoyenne de Kamuronza-Sake d’où sont venus plusieurs déplacés qui se retrouvent à Goma et ses environs.
Du côté du territoire de Nyiragongo, par ailleurs, malgré les difficultés liées à la guerre, certains enfants ont été intégrés dans des écoles de la place.
« Jusqu’à présent, ces enfants déplacés ont déjà été intégrés dans des salles de classe. En dehors de ça, on a instauré un système de rattrapage. On les encadre afin de récupérer la matière perdue au niveau de Rutshuru. Mais, aujourd’hui, on a instruit tous les chefs d’établissements d’intégrer ces enfants dans les salles de classe. Que ça soient les enfants du secondaire et du primaire. Il y a quelques partenaires qui ont construit des hangars. En dehors des salles de classe, il y a aussi des hangars qui sont en train d’être utilisés comme salles de classe d’urgence », précise Kisuka Babi, sous proved de l'EPST Nyiragongo.
Lors de sa récente rencontre avec tous les intervenants dans le domaine éducatif, le gouverneur militaire, le général major Péter Chirimwami, a promis de chercher des solutions aux problèmes qui concernent l’éducation en province et de mener de plaidoyer à Kinshasa pour des dossiers qui concernent le pouvoir central.
Chaque année, la Journée mondiale de l'enfance est célébrée le 20 novembre. Elle rappelle l'adoption de la Déclaration des droits de l'enfant le 20 novembre 1959 et, 30 ans plus tard, de la Convention internationale relative aux droits de l'enfant par l'Assemblée générale des Nations unies. Ratifiée par presque l'ensemble des pays du monde, la Convention internationale définit 54 droits de l'enfant dont notamment le droit à la vie, à la santé, à l'éducation et le droit de jouer, ainsi que le droit de vivre avec ses parents, d'être protégé de la violence et de la discrimination, de faire entendre sa voix, etc.
L'année 2024 marque aussi le centenaire de la déclaration de Genève qui est à l'origine de l'actuelle Convention internationale des droits de l'enfant.
Jonathan Kombi, à Goma