Est de la RDC : difficile pour le HCR de reconstruire des abris pour les milliers de déplacés faute des coupes budgétaires

La situation humanitaire dans l'est de la République Démocratique du Congo va de mal en pis dans ce contexte de poursuite des hostilités entre le M23/AFC et les FARDC appuyées par les Wazalendo. Dans un communiqué, vendredi 21 mars 2025, le Haut Commissariat pour les Réfugiés (HCR) a exprimé ses inquiétudes sur les déficits de financement, dus aux coupes budgétaires, rendant pénible la tâche des humanitaires de reconstruire des abris pour les déplacés internes, de plus en plus nombreux.

«Dans la ville de Goma et ses environs, au Nord-Kivu, les sites qui abritaient auparavant 400 000 personnes déplacées à l'intérieur du pays (PDI) ont tous été détruits, laissant des familles sans abri ni protection. En raison des coupes budgétaires, les partenaires humanitaires peinent à reconstruire les abris, laissant les personnes déplacées avec peu de possibilités de survie», déplore le HCR.

Il établit également à plus de 100 mille le nombre des Congolais ayant fui dans les pays voisins, à cause de la poursuite des combats dans les territoires de Masisi et Walikale (Nord-Kivu), mais également à Bukavu (Sud-Kivu) et ses environs, où la situation sécuritaire est instable. Le HCR a, par ailleurs, noté une vague de plus de 40 mille déplacés dirigés vers Kalemie( Tanganyika) dans des conditions dangereuses, en provenance de deux provinces en proie à l'insécurité : le Nord-Kivu et le Sud-Kivu.

«Depuis janvier, plus de 40 000 déplacés internes du Nord et du Sud-Kivu sont arrivés à Kalemie, dans la province voisine du Tanganyika, après un périple périlleux de 700 kilomètres à travers de multiples zones de conflit et des lacs. Parmi eux se trouvent des jeunes fuyant l'enrôlement forcé dans des groupes armés, ainsi que des femmes et des enfants séparés de leurs familles dans le chaos du déplacement», alerte l'ONU.

Et d'ajouter : «Les dangers du voyage ont conduit à de multiples tragédies, car des bateaux surchargés et fragiles, souvent le seul moyen de traverser de vastes voies navigables, ont chaviré».

Dans les pays limitrophes, tels que l'Ouganda et le Burundi, le HCR confirme une situation humanitaire presque désastreuse. Plus de 28 000 Congolais ont traversé l'Ouganda depuis le mois de janvier dernier, soit une augmentation de 500% par rapport à la même période en 2024, 10 000 annoncés d'ici fin mars.

«La plupart des centres d'accueil et de transit en Ouganda accueillent actuellement sept fois plus de personnes que leur capacité et manquent d'eau, d'assainissement et d'abris. Les coupes budgétaires ont débordé les centres de santé, et la malnutrition infantile a explosé en raison de la fermeture des centres d'alimentation dans les zones d'accueil des nouveaux arrivants», précise le HCR, qui renseigne l'accueil depuis février 68 000 réfugiés Congolais dans la commune de Rugombo en Burundi dans des conditions d'insuffisance d'installations sanitaires.

Samyr LUKOMBO