La paroisse Sainte Marthe de Lubunga accueille, depuis deux ans, des déplacés ayant fui les violences et atrocités perpétrées dans leurs villages et quartiers périphériques de la commune de Lubunga. Certains de ces déplacés résident sur ce site, tandis que d’autres ont trouvé refuge au sein de familles d’accueil. Depuis février dernier, des opérations d’enregistrement ont été observées sur plusieurs sites, notamment à Kongakonga, dans la commune de Kisangani, et à la paroisse Sainte Marthe.
Toutefois, plusieurs déplacés dénoncent le fait que cette identification est devenue une activité payante, orchestrée par des individus sans mandat officiel. Le coût d'enregistrement, initialement fixé à 3 000 francs congolais, a progressivement augmenté pour atteindre entre 8 000 et 20 000 francs, selon la personne en charge de l’enregistrement.
Un déplacé rencontré sur le site de la paroisse Sainte Marthe a témoigné anonymement.
"Comment un déplacé qui a tout perdu peut-il trouver de l’argent pour être identifié ? Plutôt que de nous aider, ces personnes nous demandent de l’argent. Face à ce désordre, nous nous organisons nous-mêmes pour recenser ceux qui viennent de la route d'Ubundu afin d’éviter les faux déplacés. Je propose que chaque représentant de village ou d’axe routier, qui connaît mieux ses compatriotes, s’occupe de cette tâche", déplore-t-il.
Pendant qu’il parle, il est assis sur un morceau de béton, rassemblant des photocopies de cartes d’électeurs pour l’enregistrement.
Dans une interview accordée à ACTUALITE.CD, Prince Héritier Isomela, président de l’ONGD Sauti ya Lubunga, dénonce fermement ces pratiques frauduleuses qui risquent de ternir l’image de son organisation. Il précise que Sauti ya Lubunga a entrepris une identification gratuite des victimes des violences à Lubunga afin de créer une base de données destinée aux autorités et partenaires humanitaires. Il met en garde contre les personnes qui profitent de la détresse des déplacés.
"Des individus sans mandat ni compétence s’improvisent enregistreurs de déplacés et exigent de l’argent. Nous appelons les services de sécurité à mettre fin à ces agissements", dit-il.
De son côté, le bourgmestre de Lubunga, Baudouin Kayongo Bulaya, affirme que son administration délivre gratuitement des attestations officielles d’identification aux déplacés, sans exiger de paiement. La situation demeure toutefois confuse sur le site de la paroisse Sainte Marthe, où les observateurs s’interrogent sur l’identité de ceux qui réalisent ces enregistrements et sur l’utilisation des fonds collectés.
De Kisangani, Gabriel Makabu