Le ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier J.P. Nduhungirehe, a réagi lundi aux déclarations du président burundais Évariste Ndayishimiye, qui a affirmé à la BBC avoir reçu des « renseignements crédibles » selon lesquels le Rwanda envisageait d’attaquer le Burundi.
« Cette déclaration de S.E. le Président du Burundi est malencontreuse, surtout que les autorités militaires et des renseignements des deux pays sont actuellement en discussion, et sont même tombées d’accord sur le besoin d'une désescalade militaire et verbale », a déclaré Olivier Nduhungirehe.
Le chef de la diplomatie rwandaise a précisé avoir évoqué ce sujet avec son homologue burundais, en marge de la réunion ministérielle conjointe EAC–SADC à Harare le 17 mars 2025. « Nous étions parfaitement sur la même longueur d’ondes sur cette question », a-t-il affirmé.
Dans son interview à la BBC, le président Ndayishimiye a également accusé le Rwanda d’avoir tenté de lancer un coup d’État au Burundi il y a dix ans, « ce qui s'apparente à ce qu'il fait aujourd'hui en République démocratique du Congo ».
Évoquant le soutien présumé de Kigali aux rebelles du M23 en RDC, Ndayishimiye a établi un parallèle avec le groupe burundais Red Tabara, qu’il qualifie de « force supplétive similaire au M23 » soutenue, selon lui, par le Rwanda pour « déstabiliser le Burundi ».
« Les Burundais n’accepteront pas d’être tués comme le sont les Congolais. Les Burundais sont des combattants », a-t-il déclaré. Il a toutefois ajouté : « Pour l’instant, nous n’avons pas l’intention d’attaquer le Rwanda. Nous voulons résoudre ce problème par le dialogue. »
Ndayishimiye a en outre accusé le Rwanda d’avoir organisé et soutenu les auteurs du coup d’État manqué de 2015, affirmant qu’ils avaient été « recrutés dans le camp de Mahama », « entraînés, armés et financés » par Kigali. Il a appelé le Rwanda à livrer ces personnes à la justice.
Le ministre rwandais a de son côté affirmé que Kigali continuerait « son engagement pour la paix avec le Burundi et dans la région des Grands Lacs », tout en espérant, dit-il, « un peu de calme et de sérénité dans les propos officiels de l’autre côté de l’Akanyaru ».