Kinshasa : Comment les femmes contribuent-elles à la gestion des denrées alimentaires et à la lutte contre la malnutrition ?

Un marché à Goma
Un marché à Goma

Le DeskFemme a sillonné ce mercredi 9 avril certaines avenues, quartiers et carrefours de la capitale congolaise pour rencontrer des commerçantes, cuisinières et agricultrices, dans le but d’échanger avec elles sur leur rôle dans la gestion des denrées alimentaires et la lutte contre la malnutrition à Kinshasa.

Croisée devant son étal au grand marché de Matete, Jeanne Manzokueno, une commerçante d'épices, se confie : « Nous, les femmes, nous sommes les premières à nourrir nos familles et à nourrir la ville. Nous savons ce qui marche, ce qui est bon pour la santé, et nous nous efforçons de vendre des produits frais, locaux et nutritifs. » En effet, la gestion des denrées alimentaires à Kinshasa dépend largement de ces femmes, qui, tout en étant confrontées à des défis logistiques et financiers, s’adaptent aux réalités du terrain en multipliant des stratégies pour survivre.

« On s’efforce toujours de vendre de bons produits, mais le transport pose un réel problème. Les marchés sont généralement mal conçus, mal encadrés, et ne nous permettent pas de bien conserver les aliments que nous vendons », ajoute-t-elle.

Au-delà de leur rôle commercial, ces femmes sont de plus en plus impliquées dans des initiatives visant à promouvoir une alimentation saine. Marie Ntshila, cuisinière et militante pour l'éducation nutritionnelle, organise régulièrement des ateliers pour sensibiliser la population aux dangers de la malnutrition. « La malnutrition ici est un problème complexe. Trop de sucre, de graisses saturées et pas assez de légumes et de fruits. Les gens doivent comprendre que ce qu’ils consomment impacte leur santé sur le long terme », explique-t-elle.

Dans les zones rurales de Kinshasa, les agricultrices jouent également un rôle dans la production des denrées alimentaires. Lucie Mpunga, agricultrice de légumes et de céréales, partage son expérience : « Nous produisons ici des aliments sains, sans produits chimiques. Nous voulons que les habitants de Kinshasa aient accès à des produits locaux de qualité. » Ses pratiques incluent l’agroécologie, une méthode agricole qui privilégie la biodiversité et la fertilité naturelle des sols. Cependant, son principal défi reste l’accès aux marchés de la ville, où les prix sont souvent inaccessibles pour les petits producteurs.

Une autre vendeuse de haricots, Odette Kasongo, témoigne également des difficultés quotidiennes que rencontrent les femmes commerçantes de Kinshasa. « Chaque matin, je pars très tôt pour acheter mes produits au marché de gros. Le transport est difficile et coûteux, surtout quand il pleut. Nous n’avons pas d’autre choix que de nous adapter », explique-t-elle. Elle souligne l’importance de la solidarité entre femmes, qui, selon elle, permet de surmonter les obstacles : « On s’entraide, on se donne des astuces, et on fait en sorte de proposer des produits de qualité malgré les difficultés. »

Malgré leurs efforts, ces femmes continuent de faire face à de nombreux obstacles dont l’accès aux financements reste le principal. Toutefois, la volonté de faire progresser les choses et d’améliorer la situation alimentaire de la population kinoise reste intacte.

« Actuellement, nous luttons pour que les autorités locales renforcent financièrement nos activités et initiatives et veillent également à un bon entretien des marchés pour nous accompagner dans notre lutte de faire de Kinshasa, une ville où chacun, quelle que soit sa classe sociale, puisse accéder à une nourriture saine, locale et durable », conclut Odette.

Nancy Clémence Tshimueneka