Washington offre 5 millions de dollars pour des informations sur les suspects du meurtre des experts de l’ONU en RDC

Ph. Droits tiers
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Les États-Unis ont annoncé une récompense pouvant atteindre 5 millions de dollars pour toute information menant à l’arrestation de quatre suspects clés dans le meurtre des experts des Nations Unies Michael J. Sharp, un Américain, et Zaida Catalán, une Suédoise, tués en 2017 en RDC.

Le Global Criminal Justice Rewards Program (GCJRP), initiative du Département d'État américain, cible Evariste Ilunga Lumu (alias Beau-Gars), Mérovée Mutombo, Gérard Kabongo, et Jean Kutenelu Badibanga (alias Kutenelu). Ces individus sont accusés d’avoir joué un rôle dans l’assassinat des deux experts, abattus alors qu’ils enquêtaient sur des violations des droits humains liées à l’insurrection Kamwina Nsapu dans la province du Kasaï.

Les corps des victimes avaient été retrouvés en mars 2017 dans des conditions macabres. Zaida Catalán avait été décapitée, un acte qui pourrait avoir une signification rituelle. Ce double meurtre avait suscité une onde de choc internationale, soulevant des questions sur la sécurité des missions onusiennes en zones de conflit.

La récompense, qui fait partie des efforts pour renforcer la justice internationale, vise à obtenir des informations pour l’arrestation ou la condamnation des suspects. "Le meurtre de Michael Sharp et Zaida Catalán représente une violation flagrante des droits humains et une attaque contre la mission même des Nations Unies," a déclaré le Département d'État. Les informations peuvent être transmises de manière confidentielle via WhatsApp au numéro +1-202-975-5468.

En 2022, un tribunal militaire congolais avait condamné à mort 49 personnes pour ce double homicide, dont 22 par contumace. Cependant, ces verdicts n'ont pas suffi à dissiper les interrogations autour des possibles commanditaires. Des organisations internationales, dont Human Rights Watch, et le gouvernement suédois ont réclamé des enquêtes indépendantes pour explorer des responsabilités à des niveaux supérieurs.

L’évasion de suspects clés, notamment celle d’Evariste Ilunga Lumu, a ajouté à la complexité de l’affaire. Ce dernier, qui avait témoigné en 2018 devant un tribunal militaire, avait accusé d'autres miliciens de complicité directe dans les assassinats. Ses déclarations avaient également soulevé des allégations sur un éventuel rôle de hauts responsables dans la chaîne de commandement.

Le général Timothée Munkutu, alors auditeur général des FARDC, avait reconnu l’impact de l’évasion d’Ilunga mais affirmé que cela ne bloquerait pas la quête de justice. "Nous poursuivrons les enquêtes pour identifier tous les responsables, y compris les éventuels commanditaires," avait-il déclaré.