Un jour après la confirmation, par les organisateurs, du concert caritatif Solidarité Congo, la ville de Paris n’est pas optimiste par rapport au scénario probable à la date du 7 avril dans la capitale française. Cette date, consacrée au Rwanda comme journée nationale de commémoration du génocide des Tutsi, est observée par les rwandais du monde entier dont ceux de France. Certaines voix s’étaient donc levées depuis début mars pour annuler le concert qui doit se tenir le même jour, sous les signes des tensions entre les communautés congolaises et rwandaises.
Dans un communiqué de la ville de Paris, parvenu à ACTUALITE.CD, la maire Anne Hidalgo, a saisi le Préfet de police afin d’interdire ce concert caritatif “Solidarité Congo”, prévu à l'Accor Arena de Paris le 7 avril prochain. La raison est la crainte des troubles à l’ordre public dans la ville.
“Si l'objectif du concert de « soutien aux enfants victimes du conflit à l'est du Congo » est évidemment louable, le choix de la date du 7 avril, Journée nationale de commémoration du génocide des Tutsi, est particulièrement mal choisie. Compte tenu des tensions existantes entre les communautés rwandaise et congolaise à Paris - résultant de la situation dans la région des Grands lacs - ainsi que des propos négationnistes tenus par certains artistes programmés pour ce concert, la Maire de Paris estime que la tenue de ce concert à cette date est de nature à engendrer des troubles à l'ordre public”, indique le communiqué.
Cet événement se veut un moment d’unité des voix et des cœurs en faveur des enfants victimes du conflit dans l'Est de la République Démocratique du Congo. Les organisateurs se disent fidèles à leur engagement premier, celui de mettre la culture et la musique au service de la solidarité. Ils disent le prendre comme une démonstration de la capacité de l’industrie à s'engager pour des causes qui comptent, en plus d’etre un événement musical.
“Nous mesurons également les interrogations qu'ont pu susciter cette situation, Ce concert, né d'un élan de solidarité, a momentanément été au cœur de l'actualité, Cette date choisie malencontreusement, en fonction de la disponibilité des artistes et de la salle fut l'objet d'un débat malheureux. Face à cela, nous avons choisi de nous tenir à notre ligne directrice : rester fidèles à notre mission humanitaire et garantir la tenue de cet événement essentiel. Cette mobilisation inédite a révélé une formidable chaîne de soutien”, indique les organisateurs dans leur communiqué de ce lundi 24 mars.
Le 7 mars, la Maire de Paris a été alertée par l'Ambassadeur du Rwanda en France, François Nkulikiymfura, le Président de Ibuka France, Marcel Kabanda, le Président de la communauté rwandaise de France, Christophe Renzaho, et Tubeho Family, association des rescapés du génocide perpétré contre les Tutsi, concernant la tenue d'un concert. La Maire de Paris avait saisi, par courrier, le 10 mars le Préfet de Police de Paris, Laurent Nunez, afin de demander, à l'instar des associations et de l'ambassadeur du Rwanda en France, l'interdiction du concert à cette date, au motif des troubles à l'ordre public qu'il engendrerait.
“Alors que des avancées significatives vers une paix durable sont à saluer, après cette rencontre historique à Doha, le maintien de cette date s'impose comme un symbole fort, les causes ne peuvent souffrir aucune opposition ni mise en concurrence. C'est avec cette seule et unique logique que Solidarité Congo est né : celui d'agir face à l'urgence et de venir en aide aux enfants victimes de la guerre. Ensemble, restons mobilisés, dans le respect de toutes les causes, de tous les peuples et de toutes les mémoires”, estime les organisateurs.
Le 7 avril 2025, l’Accor Arena de Paris sera le théâtre du concert caritatif “Solidarité Congo”, organisé au profit de l’Unicef. Cet événement réunira sur scène des artistes de renom, parmi lesquels Gims, Youssoupha, Fally Ipupa et Angélique Kidjo, avec pour objectif de lever des fonds en soutien aux enfants touchés par le conflit opposant l’armée congolaise au groupe M23 dans l’est de la RDC.
Par ailleurs, le 7 avril correspond au début des massacres du génocide des Tutsis en 1994, qui ont coûté la vie à près d’un million de personnes. Chaque année, cette date marque le début d’une période de 100 jours de commémoration et de recueillement en mémoire des victimes. En 2003, les Nations unies l’ont officiellement reconnue comme la “Journée internationale de réflexion sur le génocide des Tutsis”, et en France, elle est également devenue une journée de commémoration, notamment à la suite du rapport de la commission Duclert, qui a mis en lumière la responsabilité française dans ces événements tragiques.
Kuzamba Mbuangu