RDC-Coronavirus: l’autre défi de la riposte, c’est la faible capacité de tester tous les cas suspects à temps

Coronavirus

Testez tous les cas suspects. Si le résultat du test est positif, isolez-les et trouvez avec qui ils ont été en contact étroit jusqu'à deux jours avant l'apparition de leurs symptômes, et testez également ces personnes. C’est la recommandation principale de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Cependant, tous les pays ne sont pas assez nantis pour s’aligner derrière cette stratégie.

En RDC, par exemple, la semaine dernière le pays n’avait que 20.000 tests. Il a pu cependant passer d’une cinquantaine à environ 200 tests par jour. Ce qui a permis notamment de découvrir de nouveaux et de faire grimper les statistiques.

« L’idéal est de tester tout le monde parce qu’en testant tout le monde, on peut évidemment identifier rapidement les gens contaminer et traiter. Regardez les USA. Observez la Californie. Je crois que c’est pas la première économie américaine. Ils n’ont pas assez de tests. Ils ne testent que les gens qui ont plus de 65 ans et ceux qui présentent les maladies sévères. Le monde entier est confronté à ce problème. Il nous est difficile de tester 15 millions des gens là où les Européens arrivent à tester 2 ou 3 % », a dit à ACTUALITE.CD Roger Kamba, conseiller Spécial de Félix Tshisekedi en charge de la couverture universelle en matière de santé, et coordonnateur de la Task force mise en place à la présidence de la République pour la gestion de COVID-19 en RDC.

Il relève que la situation est mondiale. Et la RDC est loin d’être le pays le plus concerné.

« Le monde entier est confronté à ce problème de test. C'est difficile de tester massivement les gens. Les pays comme la Corée du Sud, le Japon qui ont des moyens matériels de tester un grand nombre de gens peuvent le faire. Même les États-Unis n'arrivent pas à le faire. La recommandation est bonne, mais elle n’est pas réaliste pour notre contexte. Nous à notre niveau, nous faisons à peine 200 tests par jour. Parce qu'on a des équipements qui permettent de faire des tests manuellement », a t-il ajouté.

Mais l’autre défi demeure le temps entre le prélèvement des échantillons et le travail de laboratoire. Tout est envoyé à Kinshasa.

« Et ces équipements ne sont situés qu'à l'INRB sous la houlette du Professeur Muyembe. Ce n'est pas encore décentralisé. Et aussi parce qu'ils viennent de l'extérieur, c'est-à-dire qu'on doit les acheter. C'est ce qui fait qu'avec les matériels manuels la vitesse de réalisation des tests est très lente. On est pas assez équipé et on a pas assez des tests. Le Covid est une maladie nouvelle qui exige aussi une adaptation des machines. A Monkole, il y a des équipements pour faire des tests sauf qu'il faut avoir des réactifs pour pouvoir faire le test du Covid-19. Et l'équipe est en train de travailler dessus pour augmenter la capacité de réaliser ces tests. Au Nord-Kivu, il y a déjà des équipements qui ont servi à Ebola mais le Congo a bien d'autres provinces », a t-il déclaré.

L'OMS recommande que tous les cas confirmés, même les cas bénins, soient isolés dans les établissements de santé, afin de prévenir la transmission et d'assurer une prise en charge adéquate. C’est qui est également fait au Sud-Kivu, en partant de la stratégie mise en place par docteur Mukwege Denis, responsable médical locale de la riposte.

L'OMS a déjà expédié près de 1,5 million de tests à 120 pays.

Contexte 

Depuis le début de l’épidémie déclarée le 10 mars 2020, le cumul est de 350 cas confirmés. Au total, il y a eu  25 décès et 35 personnes guéries. Rien que pour la journée de lundi, 18 nouveaux cas ont été confirmés à Kinshasa sur un total de 86 échantillons testés. 8 personnes ont été déclarée guéries et 190 patients sont en bonne évolution. A ce stade, 92 cas suspects sont en cours d’investigation. Jusque-là, cinq provinces sont touchées. Kinshasa est toujours en tête avec 338 cas.