Processus électoral en RDC : il est impossible de s'arrêter pour faire un autre audit du fichier, estime Dénis Kadima

Fichier électoral de la CENI
Fichier électoral de la CENI

Le président de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) Denis Kadima a affirmé que son institution ne va plus faire marche arrière pour faire un nouvel audit du fichier électoral tel que souhaité par une partie des acteurs politiques et organisations de la société civile. Répondant à une question lors du cadre de concertation avec les femmes et les jeunes à l'occasion de la convocation de l'électorat pour la députation provinciale et les élections des conseillers municipaux, M. Kadima souligne que son institution peut répondre à certaines revendications des parties prenantes mais à d'autres revendications il ne peut pas au regard des avancées enregistrées dans le processus électoral en cours.

"Tous les partis politiques ont des exigences, la Commission électorale nationale indépendante en tant que entité qui est chargée de l'organisation des élections écoute tout le monde. Nous tâchons de rencontrer tout le monde mais il y a des demandes que nous pouvons rencontrer, il y a des demandes qui sont difficiles à rencontrer dans le cas du fichier électoral. Si nous nous réunissons tous ici c'est une conséquence de la loi sur la répartition des sièges qui elle-même est basée sur le fichier électoral que nous avons soumis au parlement. Donc il nous est vraiment impossible en ce moment où nous sommes en train d'avancer vers les élections de dire stop, faites un autre audit du fichier électoral", a déclaré Denis Kadima.

Il soutient qu'un audit externe a été réalisé et n'est pas contesté sur des bases des éléments objectifs.

"L'audit a été déjà fait, le rapport est sorti, 138 pages, un très bon rapport, un très bon travail est fait mais rejeté sans évoquer des faiblesses dans ce rapport là, nous n'y pouvons rien, sincèrement la CENI a fait montre de bonne foi. Nous avons pendant longtemps essayé de rencontrer toutes les parties prenantes, certains n'ont pas voulu nous rencontrer, mais à la fin nous avons pu quand même réunir certains leaders, nous nous sommes entretenus, nous avons des contacts avec eux et nous faisons en sorte que tout le monde puisse participer", a ajouté Dénis Kadima.

L’opposition avec à sa tête Martin Fayulu et la mission d'observation ECC-CENCO continuent de remettre en cause l’audit externe qu’avaient mené cinq experts recrutés par la CENI. Ils soupçonnent l’existence des électeurs fictifs dans le fichier qui favoriseraient la fraude électorale en faveur de l’actuel Chef de l’Etat, candidat à sa succession. 

Pour tenter d’apaiser la tension, Denis Kadima avait décidé de rencontrer les leaders de l'opposition pour “explorer des solutions pour un processus électoral plus inclusif”. Il avait reçu Martin Fayulu, Matata Ponyo, Delly Sesanga et Dieudonné Bolengetenge représentant Moïse Katumbi. Ensuite, c'était le tour du chef du parti politique Nouvel Élan, Adolphe Muzito. Joseph Kabila a été également saisi mais jusque-là n'a toujours pas répondu.

La Mission d'observation électorale de la CENCO et de l'ECC (MOE CENCO-ECC) a annoncé son intention de mener un "audit citoyen du fichier électoral". La mission justifie cette proposition en affirmant que l'audit réalisé jusqu'à présent n'a pas été perçu comme indépendant et transparent, car, dit-elle, il n'a pas été effectué par un organisme international indépendant.

Dans une déclaration faite ce vendredi, la MOE CENCO-ECC a indiqué que l’audit qu’elle propose sera réalisé avec le soutien de la CENI elle-même et a suggéré une méthodologie pour le mettre en œuvre.

Pendant ce temps, le train électoral ne s’arrête pas malgré les risques sécuritaires et financiers évoqués par la centrale électorale. Les Bureaux de réception et de traitement des candidatures (BRTC) ont bouclé avec la réception des dossiers de candidature pour la députation nationale. Après cette étape, la CENI reçoit déjà des candidatures des députés provinciaux jusqu'à l'élection présidentielle.

Clément MUAMBA