Après plus d'une année et la mise en place des nouvelles institutions et de leurs animateurs, la Synergie des missions d’observation citoyenne des élections en RDC (SYMOCEL) déplore que le 4e cycle électoral n'ait pas permis la consolidation de la démocratie en République Démocratique du Congo.
Dans son rapport intermédiaire d'observation du cadre normatif sur le processus électoral en RDC, la SYMOCEL déclare avoir observé 29 opérations sur les trois phases électorales. Chacune de ces opérations a été marquée par des faits saillants caractérisés par la violation du cadre normatif. Sur ces 29 opérations, aucune n’est exempte de failles qui interrogent sur la perception et la solidité des acteurs à se conformer au cadre légal, aux principes directeurs et aux bonnes pratiques.
"Ces violations sont suffisamment horizontales et verticales, impliquant les différentes institutions concernées dans l’élaboration des lois, la mise en œuvre et la gestion des contentieux électoraux, impliquant aussi les autres parties prenantes, notamment les partis et regroupements politiques ainsi que les candidats. L’ensemble du processus semble avoir échappé aux efforts de consolidation de la démocratie en raison de la volonté des différents acteurs de conduire les élections hors la loi et hors des principes en se forgeant leurs propres pratiques. Ce constat d’observation que la SYMOCEL a relayé dans ses différentes publications a fait l’objet de recommandations périodiques et soutenues aux parties prenantes," a déclaré Luc Lutala, Coordonnateur national de la Synergie des missions d’observation citoyenne des élections en RDC (SYMOCEL), devant la presse mardi 13 août 2024.
La SYMOCEL tient à saluer la sensibilité et la réactivité de certaines de ces parties, notamment la CENI, l’Assemblée Nationale, le Sénat et la Cour constitutionnelle. Cependant, elle rappelle que le rôle de chacune de ces institutions reste crucial pour une démocratie solide et que le travail à accomplir reste encore grand au niveau de chacune.
"La consultation des parties prenantes que la SYMOCEL a menée selon une méthodologie très rigoureuse, en conformité avec les standards de haute objectivité, a abouti à des résultats qui vont dans le même sens que ses conclusions d’observation. Sur ces deux bases, le processus électoral apparaît fragile, inquiétant et bien loin d’une marche vers la consolidation de la démocratie. La confiance de la population, et même des parties prenantes dans des élections démocratiques, s’en trouve fortement ébranlée," note la SYMOCEL dans son rapport.
Selon ce rapport, les mauvaises pratiques connaissent une montée en flèche, ce qui les rend visibles et affecte le bon sens, la morale, et l’espoir que tous les candidats peuvent concourir à des chances égales et être élus par des électeurs qui ont confiance en leur droit de vote, pouvoir leur permettant de se choisir des dirigeants redevables et de sanctionner les véreux.
"Ces conclusions sont donc un appel à tous les acteurs et à toutes les parties prenantes pour un réveil de conscience sur l’importance vitale d’organiser des élections qui respectent le cadre légal et les principes directeurs des élections démocratiques. L’organisation d’élections transparentes, crédibles et apaisées nous apparaît comme le gage incontournable de la cohésion nationale, de la stabilité, du développement et de la paix," a interpellé la SYMOCEL dans son rapport.
Le 4e cycle électoral en République Démocratique du Congo a consacré la victoire de Félix Tshisekedi à la magistrature suprême. D'après l'arrêt de la Cour constitutionnelle, Félix Tshisekedi est désormais crédité de 73,47% des suffrages exprimés (13 058 962 voix), loin devant Moïse Katumbi Chapwe, Martin Fayulu Madidi et Adolphe Muzito.
Plusieurs irrégularités et fraudes ont été dénoncées lors des élections présidentielles, législatives nationales et provinciales ainsi que celle des conseillers municipaux tenues le 20 décembre mais qui se sont étendues jusqu'au 27 décembre 2023. En dépit de cette situation, les principaux candidats de l'opposition, dont Moïse Katumbi et Martin Fayulu, n'ont pas saisi la Cour constitutionnelle, qu'ils considèrent comme inféodée au pouvoir.
Clément Muamba