Ce lundi 27 janvier 2025, les femmes de la société civile congolaise, dans toute leur diversité, se sont spontanément mobilisées, rejoints par les dépendants des militaires des FARDC et des policiers, pour tenir un point de presse sur la situation sécuritaire et humanitaire alarmante dans l’Est de la République Démocratique du Congo.
Les participants ont fermement condamné toute forme de guerre et d’activisme militaire, qu’il s’agisse des groupes armés locaux ou des pays voisins qui les soutiennent. Ils ont également dénoncé les attaques ciblant les populations civiles.
« Nous condamnons avec la plus grande fermeté les affrontements qui forcent le déplacement massif de civils, y compris ceux qui étaient déjà réfugiés dans les camps de déplacés », a déclaré Annie Modi, rapporteur des femmes en soulignant que la situation s'est gravement aggravée ces derniers jours, avec des vagues de déplacés internes, notamment à Kalehe, Saké, Minova et Goma, où les affrontements entre le M23 soutenu par le Rwanda et les forces gouvernementales ont exacerbé la crise.
« Ces déplacements ont considérablement accru les besoins humanitaires, mettant en péril la sécurité des civils, en particulier des femmes et des filles », ont-elles ajouté.
Elles ont également exprimé leurs préoccupations quant à la vulnérabilité accrue des femmes et des filles, qui sont souvent les premières victimes de violences sexuelles et d’autres formes d'abus en période de guerre. « Nous assistons à une résurgence de l'utilisation du viol et des violences sexuelles comme armes de guerre. Nous sommes extrêmement préoccupées par la situation des femmes et des filles déplacées, ainsi que celles qui vivaient déjà dans les camps », ont-elles affirmé.
Appel à l’action humanitaire et aux parties prenantes
Face à cette situation catastrophique, les femmes ont lancé un appel pressant à la communauté internationale pour renforcer l’aide humanitaire.
« Nous demandons aux pays donateurs d’accroître leurs contributions humanitaires, de renforcer leur assistance et d’agir immédiatement pour soutenir les interventions humanitaires dans ce moment crucial », ont-elles déclaré. Elles ont souligné l’urgence de répondre aux besoins croissants des déplacés, notamment en matière de nourriture, d’eau, de logement et de soins médicaux, alors que de nombreux déplacés vivent actuellement à la belle étoile.
Elles ont également exigé des mesures concrètes pour garantir la sécurité des civils, en particulier des femmes et des enfants, dans toutes les zones touchées par le conflit, qu'elles soient contrôlées par le gouvernement congolais ou par le M23 et leurs alliés. « Nous exigeons l’ouverture d’un corridor humanitaire pour permettre aux acteurs humanitaires d’accéder aux populations déplacées et de leur fournir l’assistance essentielle », ont-elles insisté.
Les femmes ont exprimé leur solidarité envers les familles des militaires et ont insisté sur la nécessité de protéger les soldats envoyés au front, en veillant à leur bien-être humanitaire, alimentaire et sécuritaire. « Nous appelons le gouvernement à penser à leur situation et à leur fournir tout le soutien nécessaire », ont-elles affirmé.
Elles ont insisté sur la nécessité d’une paix durable, rappelant que celle-ci doit être atteinte par tous les moyens possibles en lançant un appel à l’unité nationale. « Nous demandons aux leaders politiques d'appeler leurs partisans au calme, d’éviter les discours divisifs et de favoriser l'unité nationale, car l'ennemi a déjà pris une partie de notre pays », ont-elles conclu. Elles ont également appelé le gouvernement congolais à mettre en place une communication de crise efficace afin de rassurer la population, en particulier celle de l’Est, déjà durement éprouvée par le conflit.
Ces femmes de la société civile congolaise, rejoints par les familles des militaires, ont appelé à une solidarité renforcée entre tous les Congolais, en vue de restaurer la paix et permettre à ceux qui ont été forcés de fuir leur foyer de retourner chez eux. « À nous les femmes, les jeunes femmes, unissons-nous comme une seule voix et exigeons la paix. Rien que la paix. Et nous voulons participer activement à la restauration de cette paix », ont-elles déclaré.
Nancy Clémence Tshimueneka