RDC : que pensent les Kinoises du fédéralisme prôné par certaines figures politiques ? (Baladeur)

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Alors que la République Démocratique du Congo traverse une période critique, marquée par l’agression rwandaise à travers la rébellion du M23, le débat sur le fédéralisme refait surface sur la scène politique nationale. Certaines figures, à l’instar d’Olivier Kamitatu, directeur de cabinet de Moïse Katumbi, plaident pour une refonte de la structure étatique, estimant que le modèle centralisé actuel ne répond plus aux aspirations du peuple congolais. Mais qu’en pensent les Congolais, premiers concernés par les réalités sociales et économiques du pays ? Le DeskFemme est allé à la rencontre de quelques Kinoises pour recueillir leurs avis à ce sujet.

Sur l’avenue Kasa-Vubu, assise sous son parasol, Jeanne, vendeuse de fruits, se montre sceptique : « Tout ce que je sais, c’est que Kinshasa est déjà abandonnée. Si on opte pour le federalisme, est-ce que nous, les petits gens, nos voix seront entendues ? », s’interroge-t-elle.

Pour Grâce Lelo, étudiante en droit à l’Université de Kinshasa, croisée devant le bâtiment administratif de l’Unikin, le fédéralisme représente une opportunité : « Cela peut permettre aux provinces de mieux gérer leurs richesses. Mais il faut une vraie volonté politique. Sinon, ce sera juste un nouveau mot à la mode. »

Prisca Mohozi, mère de trois enfants rencontrée chez elle à Lingwala, se dit préoccupée : « On dirait que certains veulent diviser le pays. Le Congo est déjà fragile. Pourquoi ne pas d’abord résoudre les problèmes de sécurité et de pauvreté avant de vouloir changer la Constitution ? »

À Limete, Solange Inagosi, entrepreneure dans le petit commerce, partage une position plus nuancée : « On a déjà le découpage territorial, mais ça n’a rien changé. Le fédéralisme, pourquoi pas, si c’est bien fait. Mais avec nos politiciens, on a toujours peur que ça serve des intérêts personnels. »

Patricia Mwadi, enseignante à Lemba, reste quant à elle réservée : « Le fédéralisme peut être bon dans un pays stable. Mais ici, avec les tensions ethniques, cela risque d’alimenter le tribalisme et d’enfoncer encore plus les provinces les plus pauvres. »

Claudine Mbadu, infirmière à Ngaba, pense de son côté que le débat est mal placé : « Ce que les Congolais veulent, c’est manger, être en sécurité, envoyer leurs enfants à l’école. On parle de fédéralisme, mais le problème, ce n’est pas le système, c’est ceux qui l’appliquent. »

A son tour, Déborah Nsimba, coiffeuse également à Ngaba, se dit curieuse mais vigilante : « Si le fédéralisme veut dire que les provinces peuvent se développer sans attendre Kinshasa, alors je suis pour. Mais qui va surveiller les gouverneurs ? On ne veut pas de petits rois chez nous. »

Nancy Clémence Tshimueneka