Tirs, crise humanitaire, coupures d’électricité et d’Internet : ce qu’il faut retenir de la situation à Goma ce lundi

La ville de Goma sans taxi
La ville de Goma sans taxi

À Goma, les tirs sporadiques résonnent encore ce soir dans plusieurs secteurs, notamment autour de l’aéroport, où des détonations à l’arme lourde ont été signalées. La confusion est remarquée dans le centre-ville, tandis que la situation humanitaire continue de se dégrader.

Sur le plan sécuritaire, les FARDC et les groupes d’autodéfense Wazalendo continuent de résister en maintenant certaines positions, bien que la pression du M23, soutenu par l’armée rwandaise, se fasse sentir.

La ville est plongée dans l’obscurité, sans électricité, ni eau, ni Internet. Les données mobiles et la fibre optique sont coupées, et l’antenne provinciale de la Radio et Télévision nationale congolaise (RTNC) demeure hors service.

Une crise humanitaire alarmante

Les hôpitaux sont débordés par l'afflux de blessés. Médecins Sans Frontières (MSF) a reçu plus de 61 blessés depuis jeudi à l’hôpital de Kyeshero, où des patients sont référés depuis l’hôpital de Ndosho, totalement saturé. "Il est difficile de faire le bilan exact, mais les dégâts humains pourraient être considérables", a déclaré Virginie Napolitano, coordinatrice MSF à Goma.

MSF a également alerté sur les conditions précaires dans les camps de déplacés, où l’accès humanitaire est désormais impossible en raison des combats. L’organisation appelle à la protection des civils et à un accès sécurisé pour fournir une aide vitale.

Condamnations internationales

Les réactions internationales se multiplient face à la prise de Goma par le M23.

« Le M23 doit se retirer du territoire de la RDC et cesser des offensives qui menacent la vie des civils et des Casques bleus », a déclaré Jean-Noël Barrot, Ministre de l'Europe et des Affaires étrangères de la France.

De son côté, Bernard Quintin, Ministre belge des Affaires étrangères, a qualifié la situation de "violation inacceptable". « La prise de Goma est une violation supplémentaire et inacceptable de l’intégrité territoriale de la RDC et du cessez-le-feu de Luanda. Les mots seuls n’ont pas suffi. Nous devons agir pour que soit respecté et préservé le droit international. »

À Kinshasa, Patrick Muyaya, porte-parole du gouvernement congolais, a dénoncé les intentions du Rwanda, qu’il accuse de soutenir le M23 : « Le Gouvernement continue de travailler pour éviter le carnage et les pertes en vies humaines au regard des intentions manifestes du Rwanda. »

La Première ministre Judith Suminwa a salué cet après-midi le "rôle crucial dans la protection de l’intégrité territoriale", des FARDC et wazalendo soulignant leur "détermination exemplaire".

Cependant, la situation reste dramatique pour les habitants.

Marche pacifique à Bukavu

En solidarité avec les habitants de Goma, des milliers de personnes ont organisé une marche pacifique à Bukavu, dans le Sud-Kivu, pour exprimer leur opposition à la rébellion du M23 dans l’Est de la RDC. Les manifestants ont réitéré leur soutien aux FARDC et appelé la communauté internationale à prendre des mesures concrètes pour résoudre la crise.