RDC: l'école de criminologie de l’UNIKIN déplore la stigmatisation des Kuluna et appelle à adopter l'approche dite "Ahper" pour sortir de la violence

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Raoul Kienge-Kienge Intudi, professeur et directeur de l'école de criminologie de l'université de Kinshasa (UNIKIN ) a ouvertement fustigé la stigmatisation exercée à l'endroit des jeunes délinquants communément appelés Kuluna. C’était lors d’un atelier qu’il a animé le 30 avril dernier sous le thème  « l'approche d'accompagnement holistique de proximité et d'émancipation des jeunes impliqués dans la violence de Kuluna pour leur sortie de violence par la réinsertion socioprofessionnelle "approche apher " auprès des acteurs sociaux ».   

« Les opérations policières apparaissent comme du verni qui couvre le vrai problème sans le faire disparaître », dit-il, estimant que l'État congolais devrait apporter une réponse non répressive dans l'optique de la prévention face à la violence de ces jeunes, en adoptant "l'approche ahper"  qui a déjà fait ses preuves dans quatres communes de la capitale congolaise :  Kimbanseke, Nd'jili, Kisenso et Limete.

Selon le professeur Raoul, docteur en criminologie, l'approche AHPER ou approche d'accompagnement holistique est une démarche individuelle sur le jeune en tant qu'acteur social. Elle  vise à conduire ce dernier dans le respect de sa dignité, à s'investir dans la construction d'un projet de vie alternative à la violence de Kuluna sur la base d'une activité capable de générer des revenus, qui place ce jeune au centre.

« Nous demandons que l'État puisse soutenir les initiatives qui sont mises en œuvre au niveau local pour développer cette réponse alternative à la violence, l'État jusque-là offre une réponse répressive à travers la justice pénale mais on voit aussi les limites de cette approche et il est donc nécessaire de travailler sur la prévention c'est-à-dire résoudre le problème en amont et non attendre que ce phénomène s'élargisse », a dit ce professeur.

Pour Raoul Kienge-Kienge, la violence est avant tout un problème social. Il nécessite une solution sociale et pas d'une réponse judiciaire qui a montré ses limites comme l'opération likofi. Selon lui, il faut développer l'empathie envers les Kuluna puisqu'ils sont victimes d'un système manquant même les droits fondamentaux dont l'éducation, la santé, les vêtements, la nourriture et la formation professionnelle.

L'expérimentation de "l'approche ahper" a été lancée en 2020 au moment où le monde entier était frappé de plein fouet par le Coronavirus.

César OLOMBO