Quatre barrières jalonnent le tronçon de la route qui va de la ville de Kananga au territoire de Demba (Kasaï Central) long seulement de 150 km. ACTUALITE. CD dont le reporter a emprunté cette voie la semaine dernière a palpé du doigt la réalité.
La première barrière se trouve juste à la sortie nord de Kananga dans la commune de Lukonga. Quatre services y sont positionnés chacun dans un hangar de fortune construit à l'aide des branches d'arbres ou des rameaux.
Il s'agit des services de la direction générale des recettes du Kasaï Central (DGRKAC), qui perçoit la taxe de péage; transport et voie de communication qui semble contrôler les documents de bord ; la police de circulation routière (PCR) qui a presque les mêmes attributions que le premier service et enfin la commission nationale de prévention routière (CNPR) qui vend un document appelé "manifeste des passagers" tantôt à 5$ tantôt à 10$.
L'usager qui passe par la barrière de Lukonga même après avoir payé la taxe de péage, doit faire le tour de tous ces hangars. Partout, il doit déboursser entre 3.000 FC et 5.000 FC s'il veut passer vite.
La deuxième barrière se trouve à 42 Km de Kananga dans la localité de Kalume ka Nkuadi avant la cité de Demba. Elle est tenue par des éléments de la police de circulation routière et des agents de transport et voies de communication. Dès que l'usager règle avec les éléments de la PCR qui exigent 5.000 FC pour le véhicule et 2.000 FC pour la moto, le passage est assuré.
La troisième barrière est érigée au village de Bena Kadiebwe, 17 km au-delà de la cité de Demba. Ici aussi les exigences sont les mêmes que celui de Kalume ka Nkuandi.
Enfin la quatrième et dernière barrière se trouve dans la localité de Bakwankenga qui forme les limites avec le territoire de Mweka dans la province du Kasaï. A cette dernière barrière, la PCR, les renseignements militaires, le transport et voies de communication et la direction générale des recettes du Kasaï Central, sont bien en place et en font voir de toutes les couleurs aux usagers.
Interrogé sur la destination de l'argent que son service perçoit, un agent de la PCR à la barrière de Bena Kadiebwe répond en lingala : « Tu crois que nous sommes ici de nous-mêmes ? Vas poser ta question à Kananga ».
Les plus malheureux parmi les usagers sont les transporteurs des produits agricoles et autres biens de consommation à vélo appelés communément "bayanda". Ils sont obligés de laisser à chaque barrière une quantité de leurs produits. En conséquence, ils font augmenter les prix à Kananga qui se trouve être le centre de consommation.
« Vous voyez comment nous sommes traités aux barrières. Je peux avoir 100 mesurettes de maïs. A chaque barrière, je dois laisser trois ou quatre mesurettes, vous voulez que je vende à combien à Kananga pour compenser cette perte ? », répond un transporteur pour justifier la hausse des prix des produits agricoles à Kananga et plaide pour la suppression des barrières.
Au mois de mai dernier, le lieutenant général Gabriel Amisi, chef d'état-major adjoint des FARDC en charge des opérations et renseignements, avait effectué une mission au Kasaï. L'un des objectifs était la suppression des barrières illégales sur les routes de la région.
Sosthène Kambidi