La Cour militaire opérationnelle du Nord-Kivu s'apprête à rendre ce lundi 8 mars à Butembo, son arrêt dans l'affaire de l'assassinat du docteur camerounais Richard Mouzoko, épidémiologiste de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), abattu en avril 2019 dans la ville de Butembo (Nord-Kivu), où il était déployé pour la riposte contre Ebola.
Dans la cour de l'auditorat militaire de Butembo, tout est fin prêt pour la tenue de l'audience. Des tentes sont déjà érigées. La logistique est déployée. Le greffier est déjà installé. Le public, composé essentiellement des proches des prévenus et la presse, est présent. On n'attend que l'entrée des juges de la Cour. Il s'agit donc d'une audience de tous les enjeux pour une juridiction qui statue en premier et dernier ressort.
Ce lundi, elle devra sceller le sort des 25 prévenus poursuivis pour association des malfaiteurs, participation à un mouvement insurrectionnel et terrorisme par assassinat. Cependant, sur les 25 prévenus, seuls 8 sont présents, notamment les docteurs Gilbert Kasereka, Paluku Luendo et Hyppolyte Sangala, mais aussi trois femmes chez qui les présumés assassins auraient pris la boisson avant et après le forfait. 17 autres sont en fuite, notamment le docteur Jean Paul Mundama, présenté par le ministère public comme le principal provocateur du crime, ainsi que des présumés miliciens qui se sont évadés lors de l'attaque, en octobre 2020, de la prison centrale de Kangbayi à Beni.
Samedi 6 mars dernier, le ministère public avait requis une condamnation par défaut à la peine capitale à l'encontre des prévenus en cavale. Pour les prévenus présents, il avait requis trois ans de prison pour les trois femmes, pour les médecins Sangala et Luendo, cinq ans pour le médecin Gilbert Kasereka, et 20 ans pour les deux présumés miliciens. Ces peines moins sévères pour une infraction aussi dure que celle d'assassinat font suite aux circonstances atténuantes dues en majorité par la délinquance primaire des prévenus présents. Mais pas seulement. La justice serait aussi en difficulté de prouver la culpabilité des prévenus, après la fuite des cerveaux moteurs, notamment le provocateur et les exécutants.
Seules les déclarations du prévenu Gilbert Kasereka ont dominé les discussions. Il ne cesse de déclarer avoir entendu, en décembre 2018, le docteur Mundama proposer à ses collègues l'idée de faire partir les prestataires non originaires suite aux disparités dans l'allocation des primes par l'OMS. Mais tout au long d'une dizaine d'audiences personne n'a expliqué à la cour quand est-ce que les prévenus présents ont participé aux discussions pour définir et décider du moyen pour faire partir les non-originaires. C'est donc dans ce contexte que l'arrêt de la Cour militaire opérationnelle est attendu cette mi-journée.
Claude Sengenya