Recrudescence des cas d'enlèvements à Kinshasa: la VSV recommande des sanctions contre les magistrats véreux et l'amélioration des conditions socioprofessionnelles des forces de sécurité

Boulevard du 30 juin à Kinshasa
Boulevard du 30 juin à Kinshasa

La recrudescence de l'insécurité grandissante à Kinshasa marquée par les cas d'enlèvements préoccupe l'ONG de défense des droits de l'homme la Voix des Sans Voix (VSV). Au cours d'un entretien accordé à ACTUALITE.CD mercredi, son directeur exécutif, Rostin Manketa, appelle les autorités à améliorer les conditions de travail des forces de l’ordre et de sécurité.

“Le gouvernement doit tout faire pour renforcer la sécurité sur l'ensemble du territoire national mais surtout dans la ville de Kinshasa qui est une ville qui regorge des millions de congolais. Comment renforcer cette sécurité ? C'est d'abord doter, équiper les membres des services de sécurité, équiper la police nationale en matériels, en outil de travail, ils doivent avoir les outils nécessaires pour traquer les criminels. Il faut améliorer les conditions socioprofessionnelles de tous les agents des services de sécurité parce que parmi les criminels, il y a des présumés policiers, des personnes qui sont armées. Pourquoi ces policiers le font ? Est-ce que c'est pour des mobiles politiques ou tout simplement parce que les conditions socio-professionnelles ne les mettent pas à l'aise pour ne pas se livrer à des pratiques criminels?”, a-t-il plaidé.

Un autre plaidoyer dans ce sens est lancé pour les cas des magistrats. Occasion pour Rostin Manketa d'appeler à des sanctions contre les magistrats véreux qui se permettent de libérer les auteurs présumés des d’infractions.

"La justice élève une nation, si la justice est boiteuse, si elle ne fonctionne pas correctement, il ne faut pas qu'on s'étonne que nous puissions voir des personnes arrêtées entre les mains de la justice se retrouvent dans la rue en train de commettre les mêmes crimes pour lesquels on les avaient arrêtés. La justice va très mal, vous voyez même que la police commence à se plaindre que nous nous arrêtons, nous envoyons les criminels à qui de droit et nous sommes étonnés parfois nous le retrouvons dans la rue, ça c'est la police qui se plaint c'est pour dire que la justice ne fait pas correctement son travail", a dit Rostin Manketa.

Des checks points ne doivent pas se transformer en milieu des tracasseries et rançonnement

Le directeur de la VSV a également commenté les récentes décisions prises par le gouvernement provincial de Kinshasa, celle d’ériger des points de contrôle sur les artères afin de lutter contre la criminalité. 

"Ce que nous craignons, il ne faut pas que ces checks points se transforment en endroit des tracasseries vis à vis des paisibles citoyens, des innocents mais les check-point, j'apprécie ça, c'est une bonne mesure. Si les policiers affectés à ces check-point ne sont pas pris en charge, la crainte est de se transformer en agent de ranconnement, des tracasseries des paisibles citoyens", a prévenu Rostin Manketa

La ville de Kinshasa fait depuis quelques semaines face à l'insécurité grandissante caractérisée par les cas d'enlèvements à six mois des élections générales et à quelques semaines de l'organisation des Jeux de la Francophonie prévus entre fin juillet et début août de l'année en cours.

Face à ce phénomène, le gouvernement provincial de Kinshasa a, à l’issue d'une réunion du conseil provincial de la sécurité annoncé une série d’actions. Notamment, des patrouilles mixtes avec différents services de sécurité seront effectuées. Il y aura également des check-points pour traquer les inciviques.

Une trentaine de présumés auteurs de ces actes ont été présentés par la police dont 23 civils armés dont 6 jeunes femmes et 4 policiers ont été arrêtés et 3 voitures, 7 motos, 5 machettes, un fusil et des cagoules ont été saisis. Ils sont déférés devant la justice dans une procédure de flagrance. 

Clément MUAMBA