Elections en RDC : la Symocel saisit la CENI pour avoir des explications au sujet de la détention du matériel électoral par des particuliers

Photo Droits Tiers
Des machines à voter sur un vélo

Parmi les irrégularités qui ont émaillé les opérations de vote du mercredi 20 décembre, prolongée dans certains coins jusqu’au 26 décembre, il y a la détention des kits électoraux, par des particuliers dont des candidats aux élections. Des images devenues virales sur les réseaux sociaux montrent ces personnes parfois surprises par la population ou la police avec des dispositifs électroniques de vote et des bulletins de vote. Ce qui manie les soupçons autour d’une prétendue fraude massive ou une simulacre d’élections, selon l’opposition.

Pour tenter d’élucider la question, la Synergie des Missions d’Observation Citoyenne des Élections a adressé une lettre à la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI), ce mardi 26 décembre. Cette organisation de la société civile veut également connaître le responsable de la gestion de ce matériel sensible de la CENI et les mesures prises contre lui après la dispersion des kits.

Voici les questions que la Symocel adresse à la Centrale Électorale :

1. Comment expliquer que le matériel sensible de la CENI puisse se retrouver dans autant de mains des particuliers ?

2. Quelles sont les garanties qui ont été données par les fournisseurs à la CENI sur la sécurité du matériel acquis par elle auprès d'eux ?

3. Qui a été responsable de la gestion du matériel sensible de la CENI et quelles sont les mesures de sécurité qui ont été prises pour garantir la conformité de la gestion de ce matériel aux normes de sécurité et aux standards démocratiques ?

4. Quelle est la quantité exacte de matériel commandée et comment a été géré ce matériel ?

5. Quelles mesures ont été prises contre le responsable de la gestion de matériels sensibles à la vue du scandale causé par la détention des dispositifs électroniques de vote par des particuliers ? 

“Au moment où la Symocel table sur la finalisation de de son rapport préliminaire de l'observation des scrutins combinés du 20 décembre dernier, elle veut être éclairée, puisqu'elle est troublée par la recrudescence de cas de particuliers détenant des matériels sensibles de la CENI et opérant librement des opérations de vote dans leurs maisons ou dans des lieux non indiqués comme Centre de vote”, s’inquiète la Symocel.

Et d’ajouter :

“Le taux de ce phénomène qui se constate dans plusieurs provinces et chez diverses personnes, souvent des officiels, appréhendées en flagrant délit par des citoyens et ou par la police est si élevé et est de nature à fausser de manière imparable les résultats des scrutins que votre Institution proclame progressivement”.

Le principe de sécurité stipule pourtant que “Dans toute élection, les autorités prennent des mesures pour veiller à ce que les électeurs, candidats, le personnel des bureaux de vote, les observateurs et d'autres acteurs impliqués dans une élection vivent le processus à l'abri de la peur ou du danger et veillent à ce que le matériel électoral soit toujours en sécurité. Dans chaque élection, il est de bonne pratiques que soient mis en place des plans de sécurisation pour un transfert sécurisé et le stockage du matériel électoral rassuré, notamment les bulletins de vote et des urnes. Des protections adaptées concernant les technologies utilisées dans le processus électoral doivent également être adoptées pour empêcher du piratage ou toute manipulation par des personnes non qualifiées”.

Dans une interview donnée à ACTUALITE.CD, le président de la CENI n’a pas nié l’existence d’un désordre mais a précisé que ce n'était pas voulu par la centrale électorale, car n'étant pour rien dans cela. 

« Le désordre à certains endroits a eu lieu, mais ce n'est pas avec la bénédiction de la CENI. S'il y a un désordre organisé, ça n'a pas été organisé par nous, mais par d'autres. Parce que pendant que nous, on s'apprêtait à organiser des élections crédibles et correctes, eux aussi faisaient leur plan. C'est une question de corriger et de tirer des leçons », a indiqué Dénis Kadima.

Il a été par ailleurs enregistré des cas de destruction des kits électoraux, une arrivée tardive des machines dans certains centres, l'absence des agents de la CENI dans certains bureaux, des pannes des dispositifs électroniques de vote, le manque des clés USB qui les font fonctionner, le manque de câbles pour connecter les machines aux batteries, voire la détention de certaines machines par des individus.

Denis Kadima a également précisé que la CENI n'a pas croisé les bras, faisant intervenir jusqu'à l'armée dans certains cas pour sécuriser les matériels. Aussi, a-t-il ajouté, une commission est mise en place pour élucider la question et punir les coupables. 

Emmanuel Kuzamba