Montée des tensions dans le Haut-Uele : appels à la cohésion à l’approche de l’élection du gouverneur

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Luttons tous contre les discours de haine

Dans la province du Haut-Uele, au nord-est de la République Démocratique du Congo, on assiste à la prolifération de messages haineux et de propos discriminatoires à l'approche des élections de second degré, et particulièrement lors de la course au gouvernorat.

Cette mêlée, qui alimente la toile et divise l'opinion publique sur la question de l'héritage de l'hôtel du gouvernement provincial, vise à décourager, voire à discréditer les candidats prétendus non originaires de la région.

Il est évident que cette propagande néfaste, qui fragilise la cohésion et l'unité nationales, trouve son origine lors de la campagne électorale. Des autorités publiques, censées promouvoir le vivre-ensemble en vertu de l'article 13 de la Constitution de la RDC, en ont été les instigatrices, allant jusqu'à qualifier tout non originaire de "Mbororo".

Les radios locales et d'autres médias sociaux sont envahis par cette vague d'hostilité, entraînant des commentaires variés dans les camps des différents candidats. Certains natifs du Haut-Uele pensent que la notion de bonne gouvernance n'est pas liée aux origines, tandis que d'autres estiment que le lien sanguin doit jouer un rôle dans l'attribution de certains postes de responsabilité.

Qu'est-ce qui est préférable ? Avoir un gouverneur, né de parents du Haut-Uele, à la tête de la province mais aux mains sales, pillant sa propre maison ? se demande une opinion, se rappelant avec amertume la dernière mandature, marquée par des accusations de détournement de fonds publics. Parfois, on est agréablement surpris par la gestion exemplaire d'un "fils de l'extérieur", qui cherche à garantir son pouvoir en établissant une parfaite harmonie avec les autochtones, soutient une autre opinion.

Au-delà des mots, des actions ont été entreprises, notamment par certaines organisations fin février 2024, pour avertir les grands électeurs (députés provinciaux) contre la "vente de la province", en élisant un fils du terroir plutôt qu'un mercenaire, affirmant ainsi que le Haut-Uele appartient aux enfants du Haut-Uele.

De nombreuses voix s'élèvent à travers ces mêmes canaux de communication pour dénoncer cette attitude, adoptée récemment par les habitants du Haut-Uele, une province pourtant reconnue pour son hospitalité légendaire et qui risque de perdre cette caractéristique. Mais ces allégations ont été rapidement réfutées par l'un des notables de la région, colistier d'un candidat au gouvernorat :

"Dire que nous sommes une province xénophobe est véritablement une insulte envers ma communauté de la province du Haut-Uele, car nous accueillons tout le monde ici et nous avons donné une place à chacun. Nous avons des sénateurs et des députés nationaux qui ne sont pas originaires de la province mais qui ont été élus par nous et qui représentent le Haut-Uele ici et là. Ces gens devraient également reconnaître ce que le Haut-Uele leur a offert. Affirmer aujourd'hui que nous sommes xénophobes, je n'arrive pas à comprendre. Ce sont ceux-là même en qui nous avons placé notre confiance qui se retournent contre nous de cette manière. La xénophobie n'existe pas dans le Haut-Uele, comme ailleurs dans le pays. Je sais qu'ils ne pourraient pas accepter dans leurs provinces ce que nous acceptons ici. Il ne faut pas que les gens se posent en victimes pour susciter de l'empathie et se tailler une place parce qu'ils ont des ambitions de prendre la tête de la province. Si vous êtes candidat au gouvernorat et que vous n'êtes pas de la province, venez avec des discours convaincants. Car aujourd'hui, ils sont en quête de positionnement, pensant que de tels discours pourront leur permettre de monter la pente, mais ce n'est pas vrai. Nous, en tant que fils du Haut-Uele, avons décidé de prendre nos responsabilités en main et de ne pas céder le gouvernorat de la province à quelqu'un d'autre. C'est naturel partout. La loi permet à tout le monde de postuler, allez-y, mais vous nous trouverez aussi sur le terrain. C'est la démocratie, et nous nous sommes préparés en conséquence pour prendre en main notre responsabilité, notre destin. Nous ne manquons pas de compétences, et nous savons qu'il n'est pas nécessaire d'aller chercher un Moïse ailleurs. Notre Moïse du Haut-Uele viendra du Haut-Uele", a déclaré Cyrille Ekolo.

Dans son rôle de médiation, la société civile appelle à la retenue et au respect du processus démocratique, conformément à la Constitution du pays.

Joël Lembakasi

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