La décision du gouvernement provincial du Haut-Uele fait suite aux multiples plaintes de la population concernant l'exploitation semi-industrielle à grande échelle, menée sans normes par des coopératives minières appuyées par des expatriés chinois dans la majorité des territoires composant la province. Le gouverneur de province, de retour d'une mission d'itinérance de deux semaines dans le territoire aurifère de Watsa, poumon économique de la province, l'a annoncé dimanche lors d'un face-à-face avec les journalistes locaux.
Jean Bakomito Gambu a souligné que cette étape précède de fortes mesures envisagées par son administration pour rétablir l'ordre dans le secteur et redonner espoir à ses administrés qui, depuis près de cinq ans, voient leurs proches mourir, leurs forêts détruites et leurs sources d'eau polluées sans aucune indemnisation.
"Cette question nous préoccupe, c'est une question épineuse que nous devons résoudre avec beaucoup de responsabilité. Pour y arriver, nous avons demandé l'enregistrement de tous les opérateurs étrangers ou coopératives œuvrant dans ce secteur, la plupart étant dans des situations irrégulières. L'enregistrement est en cours, nous devons le terminer, examiner les dossiers, car il est question que chacun présente ses documents, sa forme juridique, le lieu d'exploitation, les statistiques de production, les cahiers des charges et les preuves d'exécution des projets socio-communautaires. Je crois qu'il y a beaucoup d'inquiétudes de la part des uns et des autres, mais il n'y a pas de choix, il faut le faire, car ceux qui ne l'auront pas fait avant l'examen verront leurs activités provisoirement arrêtées", a-t-il prévenu.
Il a ajouté :
"La plainte de la population est que la plupart de ces exploitants ne contribuent pas au développement de la province, et c'est vrai parce que dans les caisses de la province, on ne trouve pas une rubrique où ces gens ont clairement contribué. Certes, ils paient certaines taxes à gauche à droite, mais par rapport à ce qu'ils exploitent, ce qu'ils déclarent représente 2 % de ce qu'ils auraient dû payer. Entre-temps, il y a une dégradation terrible de l'environnement et des eaux".
L'exploitation minière par des coopératives minières appuyées par des expatriés chinois n'a jamais fait l'unanimité parmi les populations du Haut-Uele. Les artisanaux sont pourchassés voire tués dans leurs périmètres. Les riverains meurent çà et là dans des puits non remblayés abandonnés à ciel ouvert. L'autorité provinciale dénombre environ 17 morts dans ces puits abandonnés depuis sa prise de fonction il y a un mois et demi. Elle précise que la situation est catastrophique partout dans la province et promet d'aborder ce sujet en collaboration avec la justice pour réprimander le mépris du code et des règlements miniers en vigueur dans le pays, qui exigent la reconstitution du site après exploitation.
A Makoro, dans le territoire de Faradje, la semaine dernière, le gouverneur Jean Bakomito a ordonné la cessation immédiate des activités des coopératives minières, qui opèrent en électron libre, détruisant les champs des riverains sans respecter les procédures normales.
Joël Lembakasi, à Isiro