L’hôpital CBCA Ndosho de Goma est submergé par l’afflux de blessés de guerre, victimes des récents combats entre les FARDC et les rebelles du M23. Au 3 février 2025, plus de 1 000 patients y ont été admis, dont 290 restent hospitalisés. Grâce au programme chirurgical du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), les équipes médicales réalisent jusqu’à 25 interventions par jour pour soigner des blessures par balles, éclats d’obus ainsi que des brûlures graves.
« Nous sommes débordés. De janvier à aujourd'hui, nous avons reçu 1000 patients. On a une capacité de 146 lits, aujourd'hui nous sommes à 290 malades hospitalisés. L'hôpital est débordé, nous avons 25 interventions par jour, hier on a pris en charge 25 malades, aujourd'hui nous avons 29 malades au programme. Du lundi jusqu'à aujourd'hui, on a un programme de 25 malades par jour avec trois équipes et nous avons reçu des renforts pour compléter à 4 équipes », a dit à ACTUALITE CD, docteur Sidibé Abdou, chirurgien pour le CICR à Goma.
Pour une bonne prise en charge, l’hôpital présente un besoin en matériels et en ressources humaines.
« Au début nous avons reçu des blessés par des engins explosifs et par balle. Ce sont des blessures graves, des blessures très contaminées, difficiles à traiter. On peut trouver une malade avec des blessures sur la tête, au niveau du thorax et au niveau de l'abdomen. La prise en charge est complexe, ça demande beaucoup de ressources humaines et du matériel. Nous avons besoin de plus de médicaments, de matériel chirurgical et de soutien psychologique pour ces victimes. Si rien n’est fait, la catastrophe humanitaire sera encore plus grave », a ajouté le docteur Sidibé.
Parmi les survivants, Amina Mwaka repose sur son lit d’hôpital. Son ventre bandé, visage marqué par la douleur. Elle a été touchée par un éclat d’obus alors qu’elle cherchait de la nourriture pour ses enfants.
« J’ai entendu une explosion, et tout s’est écroulé autour de moi. Quand j’ai repris connaissance, les éclats m’avaient déjà percée le ventre et mon voisin était mort à côté de moi… », a-t-elle témoigné.
À quelques mètres d’elle, Ishimwe, un jeune homme de 11 ans, qui a perdu sa mère lors d’une explosion dans le site des déplacés camp de Rusayo (territoire de Nyiragongo).
« Nous étions sur le point de quitter le camp pour nous réfugier ailleurs. C’est à ce moment qu’une bombe a explosé juste dans notre hutte. J’ai mal partout. Maman m’a couvert avec son corps… mais elle ne s’est plus relevée, je viens de faire près d’une semaine seule à l’hôpital et c’est hier que ma grande sœur m’a retrouvé. Tous les membres de ma famille sont décédés depuis le début de la guerre : mon père, ma mère, ma grande sœur ainsi que la petite sœur de ma mère ».
Malgré les défis, le personnel médical, appuyé par le CICR continue de se battre pour sauver des vies des survivants de la guerre du M23 à Goma.
Le gouvernement a annoncé un bilan de plus de 2000 morts et 2800 personnes blessées lors des combats entre les FARDC et le M23 à Goma. Les victimes sont des civils et des militaires.