Gestion des crises et catastrophes humanitaires : le gouvernement chargé de renforcer ses capacités et de présenter un plan d’urgence

Le site des déplacés de Lushagala
Le site des déplacés de Lushagala

Le gouvernement a été chargé de présenter, dans un délai de quinze jours, un plan d’urgence pour la gestion des crises et des catastrophes humanitaires pour les trois prochains mois. Cette instruction a été donnée par le président Félix-Antoine Tshisekedi lors de la 25e réunion du Conseil des ministres, tenue le vendredi 6 décembre 2024 à la Cité de l’Union Africaine.

« À cet effet, sous la coordination de la Première ministre, en cette période de fin d’année où des prévisions météorologiques annoncent des pluies excédentaires à travers toutes les provinces, le chef de l’État a engagé le vice-Premier ministre, ministre de l’Intérieur, et le ministre de la Solidarité nationale à présenter, dans les quinze jours, un plan de réponse d’urgence pour la gestion de crises et des catastrophes humanitaires pour les trois prochains mois », rapporte le compte rendu de la réunion, lu par le porte-parole du gouvernement.

Une situation humanitaire critique

Selon le président Félix-Antoine Tshisekedi, la situation humanitaire actuelle en République démocratique du Congo (RDC) est marquée par des déplacements massifs de populations dans l’Est en raison de la guerre d’agression menée par le Rwanda et ses supplétifs du M23. En plus de l’activisme des groupes armés, le pays fait face à des catastrophes naturelles telles que des inondations causées par des pluies diluviennes, des naufrages récurrents sur le fleuve Congo et ses affluents, ainsi que des glissements de terrain et des incendies.

« Le président de la République a chargé le gouvernement de renforcer ses capacités pour répondre urgemment et efficacement aux crises humanitaires, en allouant les ressources matérielles et financières nécessaires aux structures d’alerte et de réponse, notamment à la Caisse de Solidarité Nationale et de Gestion Humanitaire des Catastrophes, comme il l’avait souligné lors de la 108e réunion du Conseil des ministres du 11 août 2023 », ajoute le compte rendu.

Des besoins humanitaires colossaux

La violence et l'instabilité, combinées à un manque cruel de services de base, affectent les populations de la RDC depuis des décennies. Les provinces orientales, en particulier, sont marquées par une insécurité persistante et des conflits récurrents. En conséquence, on estime que plus de 25 millions de personnes - soit un quart de la population - auront besoin d’une aide d’urgence en 2024. Environ 40 % de la population est confrontée à des niveaux sévères d’insécurité alimentaire aiguë (IPC 3 ou plus).

Selon un bulletin de l’OCHA, l’Est de la RDC, notamment le Nord-Kivu, a connu en 2024 des niveaux de déplacement sans précédent en raison de l’intensification des conflits violents. Depuis août 2023, le nombre de personnes déplacées a presque triplé, atteignant plus de 1,6 million. Les femmes et les enfants représentent 75 % de ces déplacés. À Goma, par exemple, le nombre de ménages déplacés en 2024 est supérieur de 70 % à celui de 2023.

Une réponse internationale insuffisante

Malgré l’aggravation de la crise humanitaire, la RDC demeure l’une des crises les plus négligées. En 2024, seulement 35 % du plan de réponse humanitaire ont été financés, rendant difficile la mise en œuvre des interventions nécessaires pour répondre aux besoins pressants de la population.

Clément Muamba