Conseil des droits de l’homme de l’ONU: Kinshasa appelle à des mesures "dissuasives" contre Kigali et une réponse internationale "coordonnée" face à la gravité de la situation humanitaire

Judith Sumiwa
Judith Sumiwa

La première ministre Judith Suminwa s'est adressée au segment de haut niveau de la 58ème session du Conseil des droits de l’homme (CDH) qui s'est ouverte ce lundi 24 février 2025 à Genève, en Suisse. Représentant le Président de la République, Félix Tshisekedi à ces travaux de l'organe principal de l'ONU en matière de défense des droits humains, Mme Suminwa a plaidé pour des sanctions et mesures dissuasives contre le régime de Kigali en vue de restaurer la paix et mettre fin aux massacres dans l'Est de la RDC.

"Au regard des massacres et des exécutions sommaires qu'il continue de perpétrer sur notre sol nous en appelons à des sanctions dissuasives pour permettre de restaurer l'ordre et la sécurité et protéger ainsi de milliers de congolais vivant à Goma, Bukavu et dans d'autres localités sous occupation. Nous continuons à ce jour d'enterrer les morts que nous n'avons cessé de dénombrer et de compter, de millions de déplacés sans abri dont la plupart des camps ont été détruits par les forces d'occupations.La situation sécuritaire et humanitaire dans l'Est de la République Démocratique du Congo a atteint des niveaux alarmants", a déclaré la première ministre Judith Suminwa.

Lire: RDC : selon Judith Suminwa, plus de 7 000 personnes tuées depuis janvier dans le conflit dans l’est du pays

Elle a appelé à une coordination de réponse internationale, mais aussi plaidé pour plus de moyens afin de financer la réponse humanitaire.

"Il m'est impossible de vous décrire les cris et les larmes de millions de victimes de ce conflit: femmes, filles violées, enfants enrôlés de force, déplacés et orphelins. En outre, les défenseurs des droits de l'homme, les journalistes, les artistes témoins de cette tragédie à l'Est n'ont pas le droit de la raconter, ceci nécessite une réponse internationale renforcée et coordonnée. Nous appelons donc la communauté internationale à renforcer son soutien humanitaire, à fournir des ressources pour permettre une bonne prise en charge de milliers de blessés, de déplacés et de s'assurer du respect du droit international humanitaire car ces principes sont essentiels pour sauver des vies et alléger la souffrance des congolais", a souligné la première ministre.

Pour Judith Suminwa, il est possible d'agir pour mettre fin au conflit dans l'Est de la RDC et ailleurs au monde.

"L'histoire nous jugera implacablement si nous ne faisons rien pour mettre fin au conflit en République Démocratique du Congo et dans d'autres parties du monde, conflits qui ne font que raviver la flamme de l'ignominie et tournent en dérision les principes et buts sacro saints de notre organisation que sont la paix, le développement et le droit de l'homme. Nous pouvons changer le cours de l'histoire et nous en avons le devoir moral pour les générations futures", a-t-elle conclu.

Malgré les interpellations de la communauté internationale et des organisations régionales, la rébellion du M23 soutenue par le Rwanda poursuit son avancée dans la province du Sud-Kivu aggravant la crise sécuritaire et humanitaire dans l'Est de la République Démocratique du Congo. Les résolutions issues du sommet conjoint SADC-EAC ne sont pas toujours mises en œuvre malgré la convocation de la réunion des chefs d'état major des armées de la SADC et de l'EAC.

Lors de sa 9 865e réunion tenue vendredi 21 février 2025 à New-York aux États-Unis d'Amérique, le Conseil de Sécurité des Nations-Unies a adopté à l'unanimité une résolution sur la situation sécuritaire dans l'Est de la République Démocratique du Congo. 

Portée par la France, la résolution 2773 appelle les rebelles du M23 à cesser immédiatement leur offensive dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC) et demande aux forces rwandaises de cesser leur soutien au groupe armé et de se retirer du pays. La même résolution qui ordonne la cessation des hostilités, encourage le retour du dialogue dans le cadre des initiatives diplomatiques régionales.

Clément MUAMBA