Kinshasa: à la rencontre de Jubrine Deba, entrepreneure dans le secteur des friperies

Photo/ Droits tiers
Photo/ Droits tiers

Diplômée de l'Université de Kinshasa (Unikin) en ingénierie de la conservation et des savoirs endogènes, Jubrine Deba Musono a débuté sa carrière dans des domaines variés avant de se lancer dans la vente des vêtements de seconde main, plus communément appelée friperie. Elle a accumulé plusieurs expériences notamment dans la pâtisserie industrielle, où elle a appris les rudiments de la gestion d'entreprise. Passionnée de maroquinerie, elle a également créé des articles personnalisés, allant des sacs aux babouches, en passant par des éventails.


En parallèle de son activité, Jubrine s’est formée en nutrition spécialisée dans les plantes médicinales, apportant son expertise auprès des enfants malnutris et des personnes souffrant de diabète et d'obésité. Ces diverses expériences lui ont permis de développer des compétences solides en gestion, production et adaptation aux besoins du marché. Cependant, c'est grâce à sa soif de découvrir de nouveaux horizons qu’elle a finalement jeté son dévolu sur le secteur des friperies, où elle compte actuellement deux maisons de stock et vente.

Pour Jubrine, l'entrepreneuriat est avant tout une question de courage et de confiance en soi. "Un entrepreneur est quelqu'un qui prend des initiatives. Il ne faut pas avoir peur de se lancer, même quand les obstacles semblent insurmontables", confie-t-elle. Son entrée dans le domaine des friperies, bien qu’imprégnée de ses expériences antérieures, n’a pas été sans défis. Parmi les obstacles majeurs, elle cite la saturation du marché. "Le secteur des friperies à Kinshasa connaît une forte concurrence, ce qui aurait pu rendre le lancement de mon projet difficile",ajoute-t-elle . 


Cependant, elle a su se distinguer en misant sur deux éléments : la qualité des produits et le prix abordable. "La qualité et le prix sont essentiels dans mon secteur. Je me démarque en proposant des vêtements soigneusement sélectionnés, tout en maintenant un tarif juste", explique-t-elle. Pour assurer cette qualité, elle s’assure de travailler uniquement avec des fournisseurs fiables et d’exercer un contrôle rigoureux sur la sélection des produits.

L'un des plus grands défis de son activité a également été la gestion des stocks, un aspect important dans le secteur des friperies où les fluctuations de la demande peuvent être imprévisibles. Au départ, Jubrine a rencontré des difficultés liées à l’approvisionnement en produits de qualité et à la gestion des volumes. "Le marché des friperies n’est pas linéaire ; il faut savoir ajuster son approvisionnement en fonction des saisons et des tendances du moment", souligne-t-elle. Pour y faire face, elle a dû développer des stratégies logistiques efficaces, se rapprochant de grossistes locaux et internationaux pour garantir la régularité de son stock.


Outre la logistique, Jubrine s'est attaquée à un autre défi : celui de se faire connaître dans un secteur saturé. Elle a compris que la gestion de l'image de ses produits et la création d'une expérience client unique étaient essentielles. "Chaque vêtement porte une histoire et doit être en adéquation avec l'image que l'on veut véhiculer. Il ne s’agit pas seulement de vendre un produit, mais de proposer une expérience d’achat", explique-t-elle.


Les défis dans le parcours entrepreneurial de Jubrine ne se sont pas limités aux aspects logistiques et commerciaux. Elle a également dû faire face à des obstacles financiers et à un manque de ressources au début de son aventure. Parfois, elle a dû faire face à des imprévus, comme une crise sanitaire ou des difficultés liées à l’approvisionnement de ses produits. Mais, à chaque obstacle, elle a su faire preuve de résilience. "Il faut savoir rebondir, apprendre de chaque difficulté et se réinventer", conseille-t-elle.
Elle insiste également sur l’importance de s’entourer des bonnes personnes et de chercher du soutien. "Le parcours est semé d’embûches, mais il faut savoir s’accrocher. Se faire accompagner, notamment par des mentors ou des groupes d’entrepreneurs, est essentiel. C’est ce qui permet de garder une vision claire et de ne pas se laisser décourager", précise-t-elle.

Jubrine milite également pour la solidarité féminine et l’importance de la coopération entre femmes dans le monde des affaires. "Ne croisez pas les bras, ensemble nous pouvons aller loin. Chaque obstacle sur notre route est une opportunité de grandir", souligne-t-elle. Elle appelle les autres femmes à croire en leurs capacités et à se lancer dans l’aventure entrepreneuriale, même si le chemin semble semé d’embûches.
Pour elle, le succès ne réside pas uniquement dans les résultats financiers, mais dans la capacité à surmonter les épreuves avec persévérance. "Il n’y a pas de limites à ce que l’on peut accomplir quand on croit en ses rêves et que l’on travaille sans relâche pour les réaliser", a-t-elle conclu.


Nancy Clémence Tshimueneka