M23: "Il y a un paquet de mesures potentielles sur la table qui pourraient être activées dans les jours ou semaines qui viennent en fonction de l'évolution sur le terrain", prévient la Belgique

Les rebelles du M23 à Goma
Les rebelles du M23 à Goma

"La communauté internationale a pris conscience" de la situation sécuritaire marquée par l'agression rwandaise dans l’est de la RDC, a déclaré ce mardi 25 février, Maxime Prévot, Vice-premier Ministre belge et Ministre des Affaires étrangères, des Affaires européennes et de la Coopération au développement, en marge de sa participation à la 58è session du Conseil des droits de l'homme (CDH) à Genève (Suisse) où il s’est entretenu avec la Première Ministre Judith Suminwa. 

"Très clairement, la Belgique et la France ensemble portent une démarche pour qu'il y ait un paquet de sanctions plus conséquentes qui soient soumises à l'approbation des 27 États de l'Union Européenne. Il y a eu une grande convergence des vues et une volonté claire de donner un signal politique en signalant que des sanctions allaient être portées sur le Rwanda : des volontés qui concernent à la fois la suspension potentielle du traité concernant les minerais, également des sanctions individuelles à l'égard de certaines personnes notamment des forces armées, la volonté aussi de pouvoir suspendre le dialogue de sécurité et politique avec le Rwanda, le signal en tout cas a été acquis tout le monde a pu converger là-dessus, la mise en œuvre est décalée de quelques jours", a dit le chef de la diplomatie Belge.

Cette rencontre intervient au lendemain de la décision du Conseil des Affaires étrangères de l'Union européenne de suspendre les consultations avec le Rwanda sur les questions de défense. Le Conseil a également décidé de réexaminer le protocole d’accord conclu, le 19 février 2024, avec le Rwanda pour favoriser le développement de chaînes de valeur durables et résilientes pour les matières premières critiques. 

‎"Puisqu'il a été souhaité d'attendre aussi de voir comment sur le terrain la situation notamment quant au cessez-le-feu allait évoluer puisqu'une réunion est prévue à Harare fin de cette semaine et donc il y a eu la volonté d'attendre ce que cette réunion allait pouvoir donner pour s'assurer alors de la bonne adéquation en termes de calendrier entre les sanctions à prendre et la situation sur place mais en tout cas ce dont je peux me réjouir c’est que la communauté internationale qui a à mes yeux tardé à réagir mais la Belgique n'a pas ménagé sa peine pour porter le débat dans toutes les instances où elle pouvait le faire. J'ai été d'une limpidité claire sur cette question enfin s'est réveillée et disposée maintenant à envoyer un signal clair à l'attention du Rwanda", a-t-il ajouté.

Cet officiel du Royaume de la Belgique est clair: "Il y a un paquet de mesures potentielles sur la table qui pourront être activées dans les jours ou semaines qui viennent en fonction de l'évolution du terrain". 

"Le principe même de la souveraineté et de l'intégrité territoriale que nous défendons collectivement à l'Est de l'Europe avec le conflit qui vise l'Ukraine ne peut pas amener à des réactions différentes à l'Est du Congo. Il ne peut pas y avoir deux poids deux mesures, c'est pour ça que la Belgique exhorte à ce qu'il ait une réaction forte de la Communauté Internationale", a conclu Maxime Prévot.

Malgré les interpellations de la communauté internationale et des organisations régionales, la rébellion du M23 soutenue par le Rwanda poursuit son avancée dans les provinces du Nord et Sud-Kivu aggravant la crise sécuritaire et humanitaire dans l'Est de la République Démocratique du Congo. Outre l'Union Européenne, les États-Unis d'Amérique et le Royaume-Uni ont également pris des sanctions contre Kigali pour son soutien à la rébellion du M23.

Clément MUAMBA