Les eaux de la rivière Ndjili sont toujours en furie. Ce cours d'eau qui arpente la capitale Kinshasa représente, depuis quelques semaines, un réel danger pour ceux qui traversent d'un bord à l'autre avant de sortir, de Kisenso à Ndjili, de Mont-Ngafula à Kimbanseke.
Au regard de sa montée, on redoute une décrue incessante de Ndjili. La pluie du samedi dernier a davantage enfoncé le clou des riverains, de ceux qui détiennent des champs, maisons, fermes et terrains aux alentours de cet important affluent du majestueux fleuve Congo. Au quartier Secomaf, dans la commune de Kimbanseke, les eaux continuent de couvrir des sentiers où elles n'ont jamais atteint par le passé. Elles coulent avec un courant effroyable.
Visiblement, il est difficile de cerner la trajectoire même de la rivière, qui a poussé ses limites plus loin dans les palmeraies ainsi qu’au quartier Kabila, à Kisenso, rendant ainsi épouvantable la traversée. C'est désormais deux piroguiers qui doivent pagayer une pirogue tanguante, avec à son bord plus de 10 personnes. Ils doivent la laisser couler jusqu'à accoster sur une avenue, près d'une habitation encore sur les eaux. Le frais, lui aussi, a augmenté de 500 à 1000 francs congolais (FC), eu égard de la distance et au temps de la traversée.
Une dame, habituée à cette situation tous les jours, explique comment la peine des jardiniers.
« Ils ne viennent plus. Tout ce qu'ils avaient semé est sous l'eau. Partout où vous voyez des eaux là-bas, c'était des jardins, des salades, des légumes. Et on devrait, après la traversée, marcher à pied jusqu'à Secomaf, ce qu'on arrive plus à faire. Les fermiers ont dû faire sortir leurs porcs d'urgence, car certains noyaient déjà au regard de l'importante quantité d'eau qui venait du Kongo central », a-t-elle dit.
Plusieurs personnes présentes dans la pirogue n'ont pas écarté l'hypothèse de revivre le scénario inédit du week-end écoulé, lorsque la rivière Ndjili sortait de son lit, les 4 et 5 avril, déversant ses eaux sur le boulevard Lumumba, à la hauteur du quartier Debonhomme jusqu'au délai du pont Ndjili. Ce samedi-là, plusieurs habitants de Tshangu et d'autres districts ont dû passer la nuit dehors, craignant la pression avec laquelle ces eaux se deversaient sur les quartiers Salongo, Ndanu et autres. Ces pluies diluviennes ont causé 48 morts à Kinshasa, selon le bilan du gouvernement.
Samyr LUKOMBO