RDC : une plainte déposée contre le général « Djadjidja », cité dans le meurtre de Chebeya et Bazana

ACTUALITE.CD

Le collectif des avocats de Floribert Chebeya et Fidèle Bazana annoncent avoir déposé une plainte à l’auditorat militaire contre le général des FARDC Zelwa Katanga alias Djadjidja. La concession de ce dernier a été citée comme le lieu de l’enterrement du corps introuvable de Fidèle Bazana, selon les dernières révélations de l'enquête de RFI.

« Nous avons déposé notre plainte à l’auditeur général des FARDC. L’objet concerne les dernières révélations de RFI faites par les policiers. Le contenu est réservé à l’auditeur général et seul lui le jour du renvoi du procès, lorsqu’il aura saisi la haute cour militaire pendant l’instruction vous saurez de quoi le colonel Djadjidja est poursuivi », a expliqué Me Richard Bondo, chef du collectif des avocats des victimes Chebeya et Bazana, lors d’une conférence de presse ce vendredi à Kinshasa.

Par cette démarche, les avocats sollicitent la réouverture du procès. 

« Ce n’est pas une révision que nous demandons. Nous en tant que partie civile, nous sollicitons la reprise du procès, c’est à la haute cour d’apprécier pour dire je reprends le procès en entier parce que les éléments nouveaux qui n’ont pas été examinés par la cour militaire avec la cerise sur le gâteau, Djadjidja dont la concession est le cimetière qui couvre la fosse ou a été enseveli le corps de Bazana où il y a les 7 membres commando dont certains sont près à venir éclairer les lanternes de la justice contribuerait à ce que la justice soit rendue aux familles éplorées et surtout à la nation. Nous ne pouvons pas baisser la garde face aux assassins qui semblent aujourd’hui bien identifiés », a conclu Me Bondo.  

Dans une enquête de RFI, deux policers congolais, en fuite à l’entranger dont l’adjudant Hergil Ilunga et Alain Kayeye Longwa, brigadier-chef du bataillon Simba ont témoigné de leur participation à l’assassinat du directeur exécutif de la voix de sans voix (VSV) et Fidèle Bazana son chauffeur en juin 2010 qui a eu lieu à l’inspection générale de la Police, selon leurs dires. Et d’affirmer que les deux activistes avaient été « étouffés » sur ordre du major Christian Ngoy Kenga Kenga qui avait reçu les ordres du général John Numbi puisque ces deux défenseurs des droits de l’homme avaient des problèmes avec ce dernier, à l’époque inspecteur général de la police et Joseph Kabila, président de la république durant cette période.

Dans un communiqué conjoint signé le mecredi 10 février par une centaine d’ONG de défense des droits de l’homme dont la VSV, ACAJ, ASADHO et LUCHA et les mouvements citoyens ont plaidé pour « la rouverture rapide du procès de l’assassinat de ces deux défenseurs des droits humains afin de lutter contre l’impunité des auteurs des crimes contre les défenseurs des droits humains et les activistes pro démocratie » tout en appelant à la protection et la sécurisation des témoins oculaires et de leurs familles ainsi que pour, des raisons d’enquêtes, de la concession du général John Numbi et surtout celle du général Zelwa Katanga alias Djadjidja situées à Mitendi dans la commune de Mont Ngafula (Kinshasa) où le corps de Fidèle Bazana aurait été enterré.

Contexte

Le major Christian Ngoy, a été arrêté depuis le 3 septembre 2020 à Lubumbashi puis transféré le même jour dans la soirée à Kinshasa. John Numbi Banza Tambo devenu inspecteur général des FARDC a été démis de ses fonctions en juillet 2020 et n'a aucune fonction officielle.

Le 23 juin 2011, la Cour militaire de Kinshasa-Gombe a condamné quatre des huit policiers prévenus dans l’affaire à la peine capitale, un cinquième à la prison à perpétuité, et acquitté les trois autres. Le 17 septembre 2015, la justice congolaise a acquitté en appel quatre de ces policiers et allégé la condamnation du cinquième, faisant un véritable affront aux familles des victimes.

En parallèle, une plainte avec constitution de partie civile a été déposée, le 2 juin 2014, devant la justice sénégalaise sur la base de la loi sénégalaise dite de compétence extraterritoriale. Cette plainte visait l’un des responsables présumés du double assassinat de Floribert Chebeya et Fidèle Bazana, qui avait trouvé refuge au Sénégal. Le 26 août 2014, la justice sénégalaise a ouvert une information judiciaire sur ce double assassinat, alors que l’affaire était bloquée en RDC. À ce jour, aucune décision n’a cependant été rendue par la justice du Sénégal.

Clément Muamba