Un peu plus d’un mois après l’éruption du volcan Nyiragongo du 22 mai 2021, plusieurs sinistrés se livrent aux travaux de démarcation des limites de leurs parcelles consumées par les coulées de lave. Presque chaque jour, les habitants de plusieurs villages se regroupent pour effectuer les travaux communautaires dits « Salongo » qui consistent à repérer les limites des parcelles et les clôturer avec des pierres volcaniques.
« Ma maison et tout mon bétail ont été ravagés par la lave à Bushara. Nous avons besoin que l’État reconstruise nos maisons. J’ai déjà délimité ma parcelle. Nous n’avons pas été inquiété à cause de délimiter nos parcelles. Ce qui m’a indiqué qu’il s’agissait bel et bien de mon champ, j’y avais planté des arbres et certains de ces arbres n’ont pas été brûlés » témoigne Alphonse Nzekuye, sinistré du volcan.
Et cette dame d’ajouter :
« Nous souffrons beaucoup dans le site de Kayembe. De fois, nous passons une semaine sans assistance. J’ai neuf enfants. Je ne sais pas comment dormir sur un seul matelas avec mon mari et les enfants. La vie des déplacés n’en est pas une en tout cas. Notre souci est de voir l’État reconstruire nos habitations lorsque la lave va s’éteindre. Nous voulons donc réoccuper nos parcelles ».
Lors de son séjour à Goma, peu avant l’arrivée du Chef de l’État, le premier ministre Sama Lukonde a indiqué que les sites qui ont été ravagés par le volcan ne doivent plus être occupés par la population.
« Nous devons tirer les leçons de l’éruption de 2002 et celle de 2021 pour que plus jamais, nos populations ne soient plus proches du danger » avait-il dit.
Le ministre du tourisme avait d’ailleurs été chargé, avec ses experts, à réfléchir sur comment transformer les sites qui ont été ravagés en des lieux d’attractions touristiques.
« La population dit ne pas être d’accord de sa délocalisation de Nyiragongo vers un autre site. Plutôt, elle demande au gouvernement de nous aider en reconstruisant nos maisons. Que le gouvernement nous aide également à délimiter nos parcelles. L’aéroport a été endommagé en 2002, le centre ville également. Ce n’est pas pour autant qu’on a délocalisé tous ceux qui occupaient ces endroits. Aujourd’hui, on est en train de nous dire que c’est ici où il y aura un grand danger, on ne comprend pas ce danger là » a réagi Éric Bwanapuwa, un des notables de Buhene.
Dans des sites comme Kayembe, Kanyaruchinya, Kibati et même dans des familles d’accueil, plusieurs sinistrés vulnérables qui y sont disséminés manquent de tout et appellent à l’intervention des partenaires à leur venir en aide. Mais pour Me Élodie Muzighirwa, défenseur des droits humains, le gouvernement devra désormais penser aux solutions durables d’après éruption volcanique de Nyiragongo.
« Ils ne vont pas être assistés éternellement. Il faut des solutions durables pour eux. Le gouvernement doit, à travers sa task-force et l’équipe de coordination, penser à l’après assistance. Ils ont perdu des toits, ils ont perdu des champs qui ont été emportés par les laves. Il faudra que le gouvernement pense plutôt maintenant aux solutions durables. Comment ces personnes doivent sortir de cet état de vulnérabilité causé par l’éruption volcanique ? Elles peuvent manger deux mois mais elles dorment où ? Elles vont se réintégrer comment ? » a pour sa part proposé Me Élodie Mizighirwa, coordonnatrice adjointe de l’association women of faith (Ndlr : Femmes pour la foi).
Pendant ce temps, les travaux d’aménagement d’un site qui devra accueillir les sinistrés du volcan Nyiragongo évoluent normalement au village Kiguri dans la chefferie de Bukumu, à une dizaine de Km de Goma dans le territoire de Nyiragongo. Cet espace de huit hectares devra accueillir au moins 2 000 sinistrés d’ici le 20 juillet 2021, a promis samedi 26 juin dernier lors de sa visite sur le site, le Dr Roger Kamba, conseiller spécial du Président de la République en charge de la couverture maladie universelle et coordonnateur de la task-force présidentielle.
Jonathan Kombi, à Goma