Initialement prévue le vendredi 28 février dernier à Harare, au Zimbabwe, la réunion des ministres des Affaires étrangères de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) et de la Communauté de l'Afrique de l'Est (EAC) est reprogrammée pour ce lundi 17 mars 2025. Olivier Nduhungirehe, ministre rwandais des Affaires étrangères le confirme, et considère ce mois de mars comme un mois béni à cause de l'avancement de plusieurs initiatives de paix dans la région et plus précisément dans l'Est de la République Démocratique du Congo.
"Tous les ingrédients sont donc réunis pour une solution politique au conflit dans l'est de la RDC, à condition que la bonne foi, la volonté politique et le bon sens prévalent à Kinshasa. Dans ce contexte, il est essentiel que les acteurs extérieurs soutiennent sans réserve et véritablement ce processus mené par l'Afrique et évitent de prendre des mesures motivées par des raisons politiques et/ou économiques, qui porteraient atteinte au processus même qu'ils prétendent soutenir", a écrit sur X, le chef de la diplomatie rwandaise faisant allusion à l'annonce sur le retrait des troupes de la SADC dans l'Est de la RDC, l'annonce du dialogue direct entre Kinshasa et la rébellion du M23 dès ce 18 mars à Luanda en Angola.
La convocation de cette réunion est conforme aux résolutions issues du sommet conjoint SADC-EAC tenue à Dar es Salam (Tanzanie) qui ordonnait qu'une réunion conjointe des ministres de ces deux organisations se tienne pour délibérer sur le rapport de la réunion conjointe des chefs des forces de défense (CDF) qui demandait le cessez-le-feu et la cessation des hostilités ; la création d'un mécanisme de coordination technique au niveau du secrétariat pour surveiller la mise en œuvre des décisions du sommet conjoint ; une feuille de route détaillée détaillant les mesures de mise en œuvre immédiate, à moyen et à long terme, y compris les modalités de financement ; et le traitement de toutes les autres questions résiduelles liées à la réalisation d'une paix et d'une sécurité durables dans l'est de la RDC et formuler les recommandations appropriées à la prochaine réunion conjointe du Sommet CAE-SADC.
À l’issue du Sommet conjoint EAC-SADC organisé à Dar-es-Salam en Tanzanie, sur la situation sécuritaire dans l’Est de la RDC, les Chefs d’État et de gouvernement de deux blocs sous-régionaux avaient pris une série d’importantes décisions avec effet immédiat qui répondent à l’urgence humanitaire, au besoin pressant d’une désescalade et aux attentes de Kinshasa pour venir en aide aux populations meurtries de Goma, au Nord-Kivu.
À titre indicatif, le Sommet a notamment décidé de la cessation des hostilités et d’un cessez-le feu immédiat et sans conditions auxquels les partis étatiques et non étatiques sont tenues, la réouverture de l'aéroport de Goma et des principales voies d'approvisionnement terrestres et lacustres permettant l'acheminement de l'aide humanitaire ainsi que le rapatriement des militaires décédés et de l’évacuation des blessés.
D’autres décisions découlant de cette rencontre concernent l’élaboration d'un plan de sécurisation de la ville de Goma et des zones environnantes, la rencontre des Chefs d’État-major des armées de l’EAC et de la SADC dans 5 jours pour vérifier l’application et la mise en œuvre des décisions prises, le renforcement de la coordination et la complémentarité structurelle des Processus de Nairobi et de Luanda ainsi que l’ajout des facilitateurs venant même d’autres régions d’Afrique pour aider à la fusion des deux processus.
Si les noms des facilitateurs supplémentaires sont déjà connus et la tenue des réunions des Chefs d'État major des forces armées de la Communauté d'Afrique de l'Est (EAC) et de la Communauté de développement de l'Afrique australe, plusieurs résolutions ou recommandations issues de ces assises ne sont pas encore mises en exécution par les différentes parties prenantes notamment la cessation immédiate des hostilités sur terrain ou à l'heure actuelle la rébellion soutenue par l'armée Rwandaise poursuit sa percée dans les provinces du Nord et Sud-Kivu aggravant davantage la situation sécuritaire et humanitaire dans l'Est de la République Démocratique du Congo.
Parallèlement à cette démarche du sommet conjoint SADC-EAC, des "négociations de paix directes" vont avoir lieu entre Kinshasa et la rébellion du M23, mardi 18 mars 2025. L'Angola, pays médiateur dans le conflit dans l'Est de la République démocratique du Congo, a annoncé, mercredi 12 mars 2023, le début de négociations de paix directes. Selon la Présidence angolaise, elles auront lieu dès mardi prochain entre des délégations du gouvernement congolais et du groupe armé M23, qui s'est emparé de larges pans du territoire national dans l'Est du pays.
La République démocratique du Congo confirme avoir reçu l’invitation de l’Angola pour participer au dialogue direct avec les rebelles du M23 à Luanda. Pour l’instant, la RDC ne confirme pas encore sa présence à ces assises, elle continue d’insister sur le cadre établi par la dernière résolution 2773 du Conseil de sécurité des Nations Unies sur la situation dans l’est du pays, mais aussi les résolutions du sommet de Dar es Salam.
Clément MUAMBA