À l'orée de la deuxième phase de la campagne électorale, les clivages et les ralliements au sein de l'opposition témoignent des enjeux majeurs de la présidentielle du 20 décembre prochain.
Après une période de deuil suite au drame survenu lors de son meeting à Mbanza-Ngungu, le président sortant, Félix Tshisekedi, reprend le fil de sa campagne en se dirigeant vers l’ex-Katanga, traditionnellement un bastion de l'opposant Moïse Katumbi. Tshisekedi a été précédée par une équipe dévouée pour ouvrir le terrain dans cette région. Sa présence à Lubumbashi ce soir marque une étape cruciale dans sa stratégie électorale.
Pendant ce temps, les tensions au sein de l'opposition augmentent. Les camps de Moïse Katumbi et de Martin Fayulu se livrent à une bataille verbale acharnée. Un récent ralliement à Katumbi, celui de Delly Sesanga, a attisé les passions et suscité des réponses cinglantes, notamment sur les réseaux sociaux.
Abel Amundala, coordonnateur national adjoint chargé des adhésions et de la jeunesse au sein du parti Ensemble pour la République, a lancé un tweet évoquant le poids de la candidature de Moïse Katumbi, appelant à des ralliements supplémentaires, cette fois de Martin Fayulu et de Denis Mukwege: « La Candidature du Président Moise Katumbi pèse à ce jour cinq Candidats Présidents de la République ! Elle est donc définitive et irréversible...Les Congolais attendent le ralliement de Martin Fayulu et Denis Mukwege », a-t-il tweeté.
Cette déclaration qui a déclenché une réponse ferme de Jean-Marc Kabunda, responsable de la communication de Martin Fayulu, laissant entendre que des ralliements de "poids plume" ne suffiraient pas à l'emporter : « Ralliement des poids mouches raison pour laquelle vous attendez Martin Fayulu ! Ça n’arrivera jamais, même pas en rêve. Congo ya Makasi sans Martin Fayulu eza Congo ya Pete. Vous serez battus car vous n’avez pas l’adhésion du peuple. On peut acheter des figurants et gonfler des images pendant les meetings mais pas les votes ».
Cette joute verbale est survenue après des allégations de corruption lancées par Martin Fayulu contre Moïse Katumbi, affirmant qu'un président de parti avait proposé à Devos Kitoko, secrétaire général de l'ECIDE, 500 000 USD, mais ce dernier aurait refusé en raison de son engagement envers l’ECIDE.
Devos Kitoko a également exprimé des accusations contre Augustin Matata, qui a rejoint la candidature de Moïse Katumbi, alléguant avoir "lavé" ce dernier et l'avoir aidé à accepter certaines conditions : « Matata? nous avons trainé un fardeau. Qui voulez voir Matata à côté de Fayulu ? Nous t’avons lavé, blanchi. On t’a fait accepter ».
Le secrétaire général de l'ECIDE a dévoilé des échanges qu'il aurait eus avec d'autres acteurs politiques, mettant en lumière des pratiques présumées de débauchage et de transactions politiques au sein de l'opposition: Sans gant, il a affirmé avoir rappelé à Franklin Tshiamala, secrétaire général de LGD, le parti de Matata Ponyo, comment celui-ci rapportait que Delly Sesanga venait à la Primature prendre l’argent pour « vendre les secrets de réunions de l’opposition ». Sans gant, il a assené :« Ne me parlait pas de Sesanga. Ce sont des candidats alimentaires à qui on a payé la caution pour grossir la majorité ».
Malgré ces affrontements, il reste optimiste quant à la possibilité d'une unité au sein de l'opposition, soulignant la nécessité d'une candidature commune pour la réussite du scrutin présidentiel : « C’est possible toujours d’avoir un candidat commun si les gens mettent leurs égos de côté, s’ils regardent ce qu’ils valent en termes de formation universitaire, de constance par rapport au combat, de capacité de mobilisation et des valeurs ».