Naissance de l’Alliance Fleuve Congo: le gouvernement condamne le comportement "antipatriotique" de Nangaa et tacle Katumbi 

Corneille Nangaa/Ph. droits tiers
Corneille Nangaa/Ph. droits tiers

Le gouvernement de la République Démocratique du Congo s'est exprimé sur la création d'une alliance politico-militaire avec plusieurs groupes armés, dont la rébellion du M23, pour "sauver" le et y garantir "le retour de la paix". À moins de cinq jours de la tenue des élections dans un climat politique et sécuritaire déjà tendu, Corneille Nangaa, qui fut président de la Commission électorale nationale indépendante lors du cycle électoral dernier, est apparu vendredi dans un hôtel de la capitale kényane à Nairobi aux côtés de Bertrand Bisimwa, le "président du M23" pour présenter la coalition rebelle. Kinshasa considère cet acte comme une forme d'intimidation à l'endroit des congolais qui s'apprêtent à participer aux élections le 20 décembre 2023.

"Ça n'a rien de surprenant, nous vous disons depuis plusieurs semaines ici que les opposants préparent plus la contestation que les élections et à quelques jours justement de la tenue des élections on veut faire peur aux congolais alors qu'ils ont dit d'abord qu'il n'y aura pas d'élections. Ici, monsieur Corneille Nangaa devrait avoir honte parce que lui il a été à la tête de la Commission Électorale Nationale Indépendante. C'est l'institution qui est chargé justement de travailler pour consolider la démocratie", a déclaré Patrick Muyaya, porte-parole du gouvernement lors d'un briefing presse tenu vendredi 15 décembre 2023.

Et de poursuivre :

"On peut ne pas être d'accord lorsqu'on pense que son successeur fait peut-être mieux que soit, on peut être critique sur le travail qui est fait mais au-delà on voit des déclarations tapageuses à franchir le cap d'un mouvement armé, c'est de ne finalement rien comprendre justement de la démocratie qu'il était censé lui défendre. On a vu des mouvements rebelles politico-militaires se créer ici, ces mouvements ne se créent pas dans un hôtel 5 étoiles dans une capitale étrangère qui n'est pas frontalière à la République Démocratique du Congo, on veut faire peur aux congolais pour les dissuader de ne pas participer aux élections. C'est une forme de lâcheté".

Se basant sur une déclaration de Corneille Nangaa souhaitant la bienvenue à Moïse Katumbi dans la Grande Orientale, Patrick Muyaya estime que le leader de Ensemble pour la République doit se désolidariser publiquement de Corneille Nangaa.

"Nous vous disions qu'ils sont ensemble contre la République. Moi, je voudrais que Monsieur Moïse Katumbi qui est candidat s'exprime publiquement sur cette question, sinon nous, nous allons conclure. Lorsque Katumbi avait commencé sa campagne en province orientale, Monsieur Nangaa lui a souhaité la bienvenue et a dit de lui tous les biens qu'il a dit, aujourd'hui, nous pensons qu'il y a un complot contre la République qui part du Rwanda. Corneille Nangaa ne s'est pas gêné de s'afficher avec quelqu'un réputé terroriste et qui a dit publiquement son soutien à un candidat qui s'appelle Moïse Katumbi", a-t-il fait remarquer.

Toujours pour appuyer son argumentaire, il a évoqué l'arrestation d'un proche de Moïse Katumbi "Salomon Kalonda Della qui est détenu à la prison militaire de Ndolo. 

"Il y a besoin pour lui de se désolidariser publiquement de la démarche qu'a commencée Monsieur Nangaa même s'il n'a pas citer ses alliés mais on peut présager au regard des faits que je viens de relever ici ils travaillent en synergie."

Depuis son exil, Corneille Nangaa a annoncé la création d'une coalition politico-militaire nationale, en appelant à "l'union de toutes les forces politiques, sociales et militaires" pour la "refondation de l'Etat" et le "retour de la paix" en RDC. Une initiative nécessaire selon lui pour mettre fin à "la faiblesse" de l'Etat congolais depuis "trois décennies" et son "incapacité à restaurer (son) autorité (...) sur l'ensemble du territoire".

Clément MUAMBA