Est de la RDC : la LUCHA dresse une liste de 87 villages et cités occupés par le M23 dans 4 territoires du Nord-Kivu

Un village du territoire de Rutshuru
Un village du territoire de Rutshuru

Le mouvement rebelle du 23 mars (M23) qui a repris ses offensives dans la province du Nord-Kivu dans l'est de la RDC en 2021, continue sa conquête dans cette partie très riche en minerais du Congo Kinshasa. Ce vendredi 5 juillet 2024, la Lutte pour le Changement (LUCHA), une structure de la société civile, a publié une liste reprenant le nombre des villages et cités dont ces rebelles, soutenus par le Rwanda, ont pris le contrôle.

C'est un total de 87 zones, dont des villages et des cités, situées précisément dans quatre territoires de la province du Nord-Kivu, épicentre de l'insécurité en République Démocratique du Congo. Il s'agit des territoires de Masisi, Rutshuru, Nyragongo et de Lubero. 

D'après cette liste de la Lucha, le territoire de Masisi a vu 20 de ses zones tombées entre les mains de l'ennemi, Kitshanga, Mushaki, Karuba, Shasha, Rubaya, Biyambwe en l'occurrence. Dans le territoire de Rutshuru, l'état congolais a perdu le contrôle de 52 zones dont Runyoni, Bunagana, Kitoboko, Rubare, Kibumba, pour ne citer qu'elles. Les rebelles du M23 ont également pris les quartiers de 8 zones du territoire de Nyragongo, dont Ruringa, Kingarame, Buramba, Heu, Rwibiranda, Tchegera, Kabimbi et Butobya. Dans le territoire de Lubero, le M23 ont déjà récupéré un total de 7 zones. Il s'agit de Kanyabayonga, Miriki, Luofu, Kayna, Bulotuwa, Kirumba et Kimaka.

Contacté par ACTUALITÉ.CD, Bienvenue Matumo, militant de cette structure de la société civile, a dévoilé les procédés utilisés pour mener cette étude. Pour lui, la Lucha reste consternée d'autant plus que cette situation est à la base de plusieurs vagues de déplacement de la population qui, pour lui, est abandonnée par l'État. 

« Ce sont les informations collectées par nos militants de la Lucha, qui sont dans des zones occupées, à Kiwanja, à Rutshuru, Kirumba, Kanyabayonga, à Kibirinzi et à Goma. Toutes ces sections se sont mobilisées pour donner les informations. Et nous avons eu les rapports de la société civile, des ONGs, de la Monusco, même certains communiqués du gouvernement Congolais, qui montre que certains territoires ont été perdus. C'est aussi la lecture de la presse internationale qui couvre cette crise, qui nous montre aussi des villages et villages qui sont passés sous contrôle du M23», a-t-il dit, indiquant que c'est pour révolter le peuple Congolais.

Et de poursuivre : 

« Nous avons un sentiment de désolation, nous consternés par ce qui se passe, nous sommes dans une souffrance immense parce que nous avons des familles dans le territoire de Rutshuru. Moi-même qui vous parle j'ai une grande famille à Rutshuru, dans le Lubero, j'ai des copains qui ont des familles à Nyragongo, dans le Masisi, et globalement dans le territoire de Goma, où les gens souffrent, ils sont dans les camps des déplacés, plus ou moins six cent mille personnes vivent là-bas autour de Goma. Ils sont toujours en mobilité, dès qu'ils quittent Kiwanja pour se trouver à Kanyabayonga et puis Kirumba et ainsi de suite, parce qu'ils fuient toujours la guerre d'un village à un autre», s'est-il plaint. 

À l'en croire, la LUCHA ne voit aucun effort fourni par Kinshasa pour le retour de la paix. Leur organisation, explique-t-il, fait des mobilisations, la conscientisation, mais aussi lance des messages d'encouragement aux FARDC qui se trouvent dans le front. « C'est la seule armée que nous avons, nous devons l'encourager à se battre, à se mobiliser. Ça signifie que l'État congolais doit doter à cette armée de l'argent, il doit extirper de la chaîne de commandement des officiers véreux, des affairistes qui peuvent compromettre les efforts des FARDC à se battre», a-t-il soutenu, tout en appelant l'élite à Kinshasa à adopter une d'attitude et un comportement qui traduisent que le pays est en guerre. 

Jeudi 4 juillet dernier, les États-Unis avaient à la fois annoncé et salué une trêve de deux semaines signée entre l'armée congolaise et les rebelles du M23. D'après un communiqué de la maison blanche, cette mesure prendra cours ce vendredi 5 à minuit et ira jusqu'au 19 juillet 2024, ce pour permettre le retour volontaire des personnes déplacées et fournir au personnel humanitaire un accès sans entrave aux populations vulnérables. «La trêve couvre les zones d'hostilités qui touchent le plus les populations civiles», précise-t-elle. 

Les USA ont fait savoir que Kinshasa et Kigali sont favorables à cette trêve, qui vise à soulager les souffrances des populations vulnérables et à créer les conditions d'une désescalade plus large des tensions dans l'est de la RDC. Ils appellent, par ailleurs, les deux parties au respect de l'esprit de la trêve avant son entrée en vigueur. 

Samyr LUKOMBO