La liberté des médias ne devrait pas être prise pour cible en République Démocratique du Congo. Cette interpellation est de Human Rights Watch (HRW), une organisation non gouvernementale internationale qui mène des recherches et des activités de plaidoyer en faveur des droits de l'homme. Dans un communiqué rendu public mercredi 17 juillet 2024, Human Rights Watch ( HRW) estime que les autorités devraient annuler la suspension de Jessy Kabasele et garantir que les journalistes travaillent librement et en toute sécurité.
"Les cas de Koffi Olomidé et de Jessy Kabasele font écho à ceux d'autres journalistes et personnalités publiques pris pour cible par les autorités. Le travail des journalistes congolais opérant dans les provinces de l'Est est jalonné de dangers et il convient de saluer leur dévouement et engagement. Au lieu de punir les journalistes et les citoyens pour avoir exprimé leur opinion sur une crise qui dévaste le pays, les autorités devraient protéger les droits des journalistes à travailler librement et en toute sécurité", dit Human Rights Watch ( HRW) dans son communiqué.
Cette organisation de défense des droits de l'homme déplore les "dérapages" et "l'ingérence" du CSAC dans le fonctionnement des médias.
"L'autorité de régulation des médias du Congo a récemment entravé la couverture médiatique du conflit. En février, le CSAC a publié une directive demandant aux médias de ne pas diffuser des débats à propos des opérations de l'armée congolaise sans la présence d'au moins un « expert en la matière ». Il a également demandé aux journalistes d'éviter « les émissions à téléphone ouvert sur les opérations militaires » et de s’abstenir d'interviewer les « forces négatives », un terme vague et imprécis qui laisse la porte ouverte à des interdictions arbitraires. En avril, le CSAC a recommandé aux médias de ne plus « diffuser les informations en rapport avec la rébellion dans l'Est de la RDC sans se référer aux sources officielles gouvernementales", déplore cette organisation de défense des droits de l'homme.
Sylvie Elenge, Directrice Générale de la RTNC a suspendu le journaliste Jessy Kabasele pour une durée indéterminée, suite à son entretien en direct avec Koffi Olomidé, dans le cadre de l'émission Le Panier, The Morning Show diffusée en direct au cours de laquelle le musicien a critiqué la réponse de l'armée à l'assaut des rebelles du M23, la jugeant trop faible. «On nous tape, on nous giffle », avait notamment dit Koffi. Le Conseil Supérieur de l'audiovisuel et de la Communication ( CSAC) s’est saisi du dossier, accusant Jessy Kabasele de n'avoir pas recadré les propos l’artiste dont les propos « sapent les énormes efforts et sacrifices consentis par le Gouvernement de la République » dans la guerre à l'Est face à la coalition M23-RDF-AFC.
L'autorité de régulation des médias a convoqué Jessy Kabasele et Koffi Olomidé la semaine dernière. Invité également par le procureur général près la Cour de Cassation, Koffi Olomide absent du pays s'était fait représenter par ses avocats. Toutes ces convocations ont été largement critiquées dans l’opinion. En réaction, le ministre d'État, ministre de la justice et garde des sceaux Constant Mutamba avait rassuré qu'aucune action pénale n'a été ouverte contre Koffi Olomide.
Clément MUAMBA