Félix Tshisekedi: « il est peut-être temps d’engager une réflexion sur une réforme constitutionnelle, afin d’éliminer les failles qui ralentissent le fonctionnement de notre appareil étatique »

Félix Tshisekedi
Félix Tshisekedi

Le président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, a ouvert, lors de son discours annuel sur l'état de la nation ce mercredi, la porte à une possible réforme constitutionnelle. Devant les deux chambres du Parlement réunies en Congrès au Palais du Peuple, il a appelé à une « réflexion nationale » sur les failles constitutionnelles qu'il juge responsables de certains dysfonctionnements institutionnels.

« Je dois rappeler que cette première année de mon nouveau mandat a été marquée par un démarrage retardé, notamment en raison du temps nécessaire pour la désignation de la Première ministre et la mise en place des institutions, conformément aux prescrits de notre Constitution », a déclaré le chef de l'État. Il a ajouté que « ces délais, bien que contraignants, étaient indispensables pour respecter les échéances et les procédures fondamentales de notre démocratie ».

Dans une proposition susceptible d’attiser les débats, Félix Tshisekedi a affirmé qu’« il est peut-être temps d’engager une réflexion nationale sur une réforme constitutionnelle, afin d’éliminer les failles qui ralentissent le fonctionnement de notre appareil étatique ». Il a toutefois précisé que cette initiative visait exclusivement à lancer un dialogue sincère entre les citoyens congolais pour construire un cadre institutionnel mieux adapté aux réalités du pays.

Le président a insisté sur le caractère inclusif de cette démarche : « Cette démarche consiste uniquement à lancer une initiative visant à inviter nos compatriotes à une réflexion sincère, pour bâtir un cadre institutionnel plus adapté aux réalités et aux aspirations de notre peuple. » Réaffirmant son engagement en faveur de l’unité, il a conclu : « Unis, nous pouvons transformer nos potentialités en richesses réelles, nos faiblesses en forces, et notre diversité en un facteur de cohésion. »

L’appel du président intervient dans un contexte marqué par un débat houleux sur la révision ou le changement de la Constitution congolaise. Si l’initiative est perçue par ses partisans comme une nécessité pour moderniser l’appareil d’État, l’opposition y voit une manœuvre visant à prolonger le mandat présidentiel au-delà des limites actuelles. Des figures de l’opposition, telles que Martin Fayulu, Moïse Katumbi et Denis Mukwege, ont dénoncé un « coup d’État constitutionnel » potentiel et appelé à la mobilisation pour défendre la démocratie.

Des organisations de la société civile, dont le Forum citoyen, ont également exprimé leurs inquiétudes, soulignant que les priorités devraient être axées sur l’amélioration des conditions de vie des Congolais et la lutte contre la corruption.

En revanche, des voix comme celle de l'Association Congolaise de Droit Constitutionnel (ACDC) soutiennent l’idée d’un débat inclusif et transparent sur cette question. L'ACDC salue la proposition de convoquer une commission multidisciplinaire pour éclairer les orientations possibles et garantir que toute réforme s'inscrive dans l'intérêt général.

Ce discours pourrait marquer un tournant dans la trajectoire politique de la RDC, où toute initiative de modification constitutionnelle est scrutée de près, tant au niveau national qu’international.