Crimes graves au Sud-Kivu : un rapport documentant 191 cas recencés entre 1994 et 2004 remis au FONAREV

1
Photo d'illustration.

Un rapport détaillant 191 cas graves de crimes de guerre et crimes contre l’humanité perpétrés au Sud-Kivu entre 1994 et 2004 a été remis, lundi 16 décembre, au Fonds national des réparations des victimes de violences sexuelles liées aux conflits et des victimes des crimes contre la paix et la sécurité de l’humanité (FONAREV). Ce document, élaboré par le Groupe de travail sur la justice transitionnelle de la province, recense ces violations dans la ville de Bukavu ainsi que dans les huit territoires du Sud-Kivu.

Le rapport met en évidence une concentration notable des cas dans les territoires de Kalehe, où 23 % des crimes ont été signalés, et de Mwenga, qui en représente 25 %.

« Ces incidents sont venus de la ville de Bukavu et des 8 territoires de la province du Sud-Kivu. On comprendra à l'analyse de ces informations que, sur le plan géographique de ces 8 territoires, la plupart des cas qui ont été répertoriés viennent des 2 territoires : le territoire de Kalehe et le territoire de Mwenga. Donc, 23% pour Kalehe et 25 % pour le territoire de Mwenga. Cela ne signifie pas qu'on a minimisé les autres territoires », renseigne ce rapport lu par Raphaël Wakenge, coordonnateur du Groupe de travail sur la justice transitionnelle/Sud-Kivu.

Et de poursuivre : « Mais aussi, vous pouvez vous poser la question : pourquoi 191 incidents seulement ? Cette recherche est documentaire et nous avons tenu compte des informations qui ont été mises à notre disposition par des organisations, membres de notre dynamique. Et donc, il y a des informations dont nous ne disposons pas de contenu ».

Dans ce rapport, les organisations de la société civile affiliées au Groupe de travail sur la justice transitionnelle du Sud-Kivu (GTJTS-K) ont émis plusieurs recommandations, à savoir : 

- Intégrer la contribution du Groupe en particulier et celle de la société civile en général dans le travail de cartographie des crimes préliminaires à l'octroi des réparations ;
- Multiplier ce genre d'initiatives dans les différentes provinces de la RDC pour la mise en place d'une collaboration avec la société civile ;
- Accélérer le processus de décentralisation pour rapprocher les victimes des écosystèmes et ;
- S'impliquer dans la prise en compte d'autres piliers de la justice transitionnelle.

En recevant ce rapport, le directeur général du FONAREV, Patrick Fata, a exprimé sa gratitude envers le GTJTS-K et ses partenaires pour le travail accompli. Il a assuré qu'il examinerait ce document avec une attention particulière. Aussi, il a réaffirmé la détermination de son institution de procéder à l'identification et à la réparation des victimes de crimes.

« C'est l'occasion pour moi de remercier, madame l'ambassadeur et les partenaires ici présents, pour ce rapport de cartographie d'incidents du Sud-Kivu que nous allons exploiter avec intérêt, parce qu'effectivement, c'est une étape importante dans le processus d'identification des victimes. Nous sommes un fonds de réparation, mais il n'y a pas de réparations si on n'a pas identifié les victimes », s’est-il exprimé.

La réalisation de ce rapport a été rendue possible grâce à un soutien financier de 250 000 livres sterling de la Grande-Bretagne. Selon l'ambassadrice britannique, Alyson King, son pays se positionne en tant que leader dans la lutte contre l'impunité des auteurs de crimes contre l'humanité.

« Notre financement vise à renforcer l'État de droit et à réduire la récurrence des violences sexuelles liées aux conflits à l'Est de la République démocratique du Congo, en donnant aux survivantes les moyens de demander justice et réparation », a-t-elle déclaré.

Le FONAREV est une institution créée en République démocratique du Congo. Son objectif principal est d'assurer la reconnaissance, la justice, et des réparations en faveur des victimes de violences sexuelles commises dans le contexte des conflits armés, ainsi que des crimes graves contre l'humanité. Le fonds vise à accompagner les survivants en leur offrant des soutiens financiers, médicaux, psychologiques, juridiques, et sociaux pour faciliter leur réhabilitation et leur réintégration dans la société. Il joue également un rôle dans la lutte contre l'impunité et la promotion de la justice transitionnelle.