Les conséquences humanitaires de la guerre entre les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et les rebelles du M23 au Nord-Kivu, sont énormes depuis plus de deux ans. Alors que les rebelles ont conquis fin janvier la ville de Goma et le territoire voisin de Nyiragongo, des mouvements massifs, surtout spontanés des retours des déplacés sont enregistrés notamment dans les territoires de Nyiragongo et Masisi.
Le territoire de Nyiragongo seul comptait plusieurs sites des déplacés : Kanyaruchinya, Don Bosco Ngangi, Kahembe et Bushagara, proches directs de la ville de Goma. En date du 4 février, le Bureau de coordination des affaires humanitaires (OCHA) rapporte le retour de plus de 32 000 personnes dans les différents villages de Nyiragongo.
« Dans le territoire de Nyiragongo, au moins 32 600 personnes déplacées ont regagné leurs localités d’origine dans les aires de santé de Kasisi, Buhumba et Kingarame. Ces retours soulignent la nécessité de renforcer la résilience communautaire dans des domaines prioritaires, notamment l’accès à l’eau, la réhabilitation des abris et la reconstruction des logements endommagés, la protection, l’éducation et la relance agricole », dit OCHA.
Pendant la même période, plus de 7 000 ménages déplacés sont retournés dans le territoire de Masisi.
« Des acteurs humanitaires ont constaté des retours spontanés de personnes déplacées vers leurs lieux d'origine. Au 4 février, un important mouvement de retour a été observé dans le territoire de Masisi, avec plus de 42 600 personnes (7 100 ménages) retournées dans les aires de santé de Sake, Kaduki, Kimoka, Kihindo et Shasha. Selon des sources humanitaires, ces retours représentent au moins 40 % des ménages qui étaient en déplacement », indiquent les sources humanitaires.
Calvaire des retournés
La plupart des retournés retrouvent leurs villages après plus de deux ans d’absence suite au conflit. Ils sont dépourvus de tout, et sont obligés de reprendre la vie à zéro.
« Dans les zones de retour, plusieurs structures sanitaires pillées sont non fonctionnelles depuis plus d’un an, sans stocks de médicaments, ni mobilier. L'électricité fait également défaut. De nombreuses maisons et latrines ont été détruites par des incendies ou des bombardements, et le système de distribution d’eau potable a été gravement endommagé. Les écoles restent fermées. Selon les acteurs du secteur de l’éducation, au moins 214 écoles sont fermées depuis plus d’un an à dans le Nord-Kivu, en raison de leur occupation par des personnes déplacées, soit à cause de leur utilisation par des groupes armés. Cette situation projette d'énormes besoins en éducation d’urgence dans les zones de retour », affirme OCHA.
Selon la même source, l'accès à la nourriture est très limité pour les familles retournées. Elles ne disposent ni de réserves alimentaires ni des moyens d’acheter de la nourriture. La quasi-totalité des cultures et réserves alimentaires ont été pillées par les groupes armés, plongeant les retournés dans une grande précarité.
Selon de récentes évaluations des mouvements de population dans la ville de Goma, au moins 60 % des personnes déplacées de Goma sont encore dans la ville et aux alentours. Les acteurs humanitaires prévoient de réaliser des enquêtes sur les intentions de retour afin de mieux comprendre la dynamique des mouvements de population, et de s’assurer que les retours sont volontaires, sûrs et dignes.