Progression AFC/M23 dans l'Est de la RDC:la Coordination nationale du cadre de concertation de la société civile exhorte les chefs d'État de la région au respect "strict" des engagements pris à l'issue du sommet conjoint SADC-EAC

Photo d'illustration
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Réunis à Kinshasa, capitale de la République Démocratique du Congo, les 26 Coordonnateurs provinciaux et la Coordination nationale du cadre de concertation de la société civile de la RDC ont procédé à une analyse approfondie de la situation sécuritaire, sociale, économique et politique du pays. Cette session plénière de deux jours soit du 18 au 20 février 2025 avait pour but d'apporter la contribution de la société civile à la restauration de la paix et d'assurer une gestion efficace et efficiente du Cadre de Concertation Nationale de la Société Civile.

À l'issue des travaux, ils ont noté que la guerre imposée à la RDC par le Rwanda poursuit des objectifs économiques, politiques, identitaires et terriens visant non seulement le pillage systématique des ressources naturelles mais aussi la déstabilisation du pays tout entier ainsi que les velléités de sa balkanisation.

"La complicité et l'hypocrisie de puissances étrangères Derrière le Rwanda, principal agresseur, se cachent des multinationales et des puissances occidentales qui, en raison de leurs intérêts, ont empêché l'adoption de sanctions sévères contre ce pays par le Conseil de sécurité de l'ONU et d'autres instances internationales et régionales", ont-ils fait savoir dans la déclaration finale.

Tout en apportant leur soutien "total" aux FARDC et aux  Wazalendo, ils dénoncent les actes de trahison et de corruption qui gangrènent les Forces Armées de la République Démocratique du Congo. Certains militaires, disent-ils, transmettent des informations stratégiques à l'ennemi en échange de pots-de-vin et d'autres détournent les fonds destinés aux soldats au front, affaiblissant ainsi l'armée sur le terrain.

"Au Gouvernement congolais, nous recommandons de s'engager activement dans toutes les voies possibles, y compris le dialogue, pour récupérer les territoires occupés et préserver l'unité nationale, car le Congo doit rester un et indivisible; Appuyer la société civile dans ses efforts allant dans le sens de renforcer la cohésion sociale; Aux chefs d'États de la Région: De veiller au respect strict des engagements pris dans la déclaration de Dar-es-Salaam afin de favoriser un climat propice à un dialogue sincère et constructif"ont-ils recommandé dans la déclaration finale.

Par ailleurs, les Coordonnateurs provinciaux et la Coordination nationale du Cadre de Concertation de la Société civile s'engagent à mobiliser leurs provinces pour une solidarité et unité nationale renforcées face aux défis que traverse la République Démocratique du Congo. Les participants à cette session plénière saluent l'initiative du pacte de paix et de bien-vivre ensemble de la synergie CENCO-ECC et l'invitent à un échange fructueux pour une meilleure appropriation du processus par les animateurs du cadre de concertation de la société civile autour de l'approche en cours.

À l’issue du Sommet conjoint EAC-SADC organisé à Dar-es-Salam, en Tanzanie, sur la situation sécuritaire dans l’Est de la RDC, les Chefs d’État  et de gouvernement de deux blocs sous-régionaux avaient pris une série d’importantes décisions  avec effet immédiat qui répondent à l’urgence humanitaire, au besoin pressant d’une désescalade et aux attentes de Kinshasa pour venir en aide aux populations meurtries de Goma, au Nord-Kivu.

Le Sommet a notamment décidé  de la cessation des hostilités et d’un cessez-le feu immédiat et sans  conditions auxquels les partis étatiques et non étatiques sont tenues, la réouverture de l'aéroport de Goma et des principales voies d'approvisionnement terrestres et lacustres permettant l'acheminement de l'aide humanitaire ainsi que le rapatriement des militaires décédés et de l’évacuation des blessés.

D’autres décisions découlant de cette rencontre concernent l’élaboration d'un plan de sécurisation de la ville de Goma et des zones environnantes, la rencontre des Chefs d’État-major des armées de l’EAC et de la SADC dans 5 jours  pour vérifier l’application et la mise en œuvre des décisions prises, le renforcement de la coordination et la complémentarité structurelle des Processus de Nairobi et de Luanda ainsi que l’ajout  des facilitateurs venant même d’autres régions d’Afrique pour aider à la fusion des deux Processus.

Malgré les interpellations de la communauté internationale et des organisations régionales, la rébellion du M23 soutenue par le Rwanda poursuit son avancée dans la province du Sud-Kivu aggravant la crise sécuritaire et humanitaire dans l'Est de la République Démocratique du Congo. Les résolutions issues du sommet conjoint SADC-EAC ne sont pas toujours mises en œuvre près de deux semaines après les assises de Dar-es-Salaam en Tanzanie.

Clément MUAMBA