RDC: après la prise de la localité de Rusamambo, le M23 qui dispose de deux fronts dans le Walikale viserait la cité de Pinga (Analyses)

Les rebelles du M23 ont repris l’offensive dans le territoire de Walikale (Nord-Kivu) où ils ont conquis mercredi 19 février, la localité de Rusamambo, dans le groupement Ikobo, a appris ACTUALITE.CD.

« Les rebelles du M23 ont pénétré Rusamambo, ils ont procédé par un débordement pour arriver là où se trouvaient les wazalendo et certains éléments des FARDC, et ces derniers ont décroché. Les wazalendo continuent de s’organiser pour une contre-attaque », a indiqué à ACTUALITE.CD, Fiston Misona, président de la société civile de Walikale.

Selon un acteur qui suit la situation depuis l’agglomération de Buleusa, située à 17 kilomètres, des affrontements ont duré quatre heures entre les rebelles du M23 et deux groupes des wazalendo ainsi que des militaires FARDC.  

« Il y a eu affrontements pendant quatre heures entre le M23 et deux groupes des wazalendo, ceux de Bigabo et de Guidon », a-t-il dit.

Récapitulation

Il est important de rappeler que le M23 mène deux fronts dans le territoire de Walikale. Le premier, situé au sud, enclenché en octobre 2024 à partir de la localité de Kalembe (territoire de Masisi), avait permis aux rebelles de percer Walikale jusqu’à conquérir plusieurs villages dont Nsuka, Kalonge, Ihula, Lulimbi, Banamulindwa, Katobo, Makenge, Mpeti et Minjenje dans le groupement Kisimba. A partir de ce front, les rebelles ont plusieurs fois tenté, sans succès, de s’emparer de la cité de Pinga. Mais ici, ils se sont arrêtés à 18 kilomètres de Pinga.

Le deuxième front ouvert en décembre 2024 est au nord de Walikale. Après des attaques coordonnées à partir des localités d’Alimbongo, Bingi et Bunyatenge, dans le territoire de Lubero, ainsi que des localités de la chefferie de Bwito, dans le territoire de Rutshuru, les rebelles avaient finalement conquis l’agglomération de  Buleusa le 17 décembre 2024.

Quelques jours après, soit le 19 décembre, le M23 s’était emparé de la localité de Kanunu, à 12 kilomètres de Buleusa. Depuis, le front s’était enlisé, aucune progression n’avait été enregistrée.

Selon un observateur, la rébellion pensait déjà à déployer ses efforts sur les fronts de Masisi et Nyiragongo autour de Goma.

 Ambition d’atteindre Pinga

Le territoire de Walikale est le plus grand de la province du Nord-Kivu, mais dont l’enclavement est inexplicable. Selon des observateurs avertis dans cette région riche en minerais, les rebelles du M23 nourrissaient l’ambition d’atteindre la cité de Pinga grâce à des actions coordonnées sur les deux fronts désormais opérationnels dans le territoire de Walikale. Pinga est une cité importante de Walikale dotée notamment des infrastructures sanitaires, routières et d’un aérodrome.

« En allant à Rusamambo, ils voulaient écarter la menace des wazalendo qui pesait sur Buleusa. Les wazalendo ont tenté quelques fois d’attaquer la population à Buleusa », a fait observer un analyste sécuritaire qui insiste : « Un objectif serait d’aller vers Pinga parce que Rusamambo c’est un couloir qui mène vers Pinga ».

Les routes n’existent pas, impossible même d’engager une moto à partir de Rusamambo. Voici les voies possibles.

« Ils sont déjà à Mpeti, à 18 km de Pinga. Il y a deux possibilités : il y a un chemin qui va de Rusamambo-Buhimba-Mpeti. Il y a une autre voie qui part de Bukumbirwa-Munjanga-Bukucha-Pinga ; Ce sont de longs trajets qui nécessitent une journée ou deux jours de marche », a souligné un acteur de développement communautaire actif dans la région.

Selon un des porte-parole militaires, Pinga est une base importante de l’armée et « cette dernière a démontré qu’elle est déterminée à barrer la route aux rebelles s’ils décidaient de prendre cette voie ».

Walikale est le cinquième territoire du Nord-Kivu touché par les hostilités du M23. Ce territoire ouvre la voie sur les provinces du Maniema, du Sud-Kivu et de la Tshopo reliées par la RN3.

Patrick MAKI