Agression rwandaise : l'UE réaffirme son attachement à l'intégrité territoriale de la RDC et n'acceptera pas d'être accusée de double standards

Les rebelles du M23 à Goma
Les rebelles du M23 à Goma

L'Union Européenne n'acceptera pas d'être accusée de double standards en matière d'agression dans le monde. Tel était le message du représentant spécial de l’Union européenne (UE) pour la région des Grands Lacs, Johan Borgstam à Paul Kagame, président du Rwanda lors de son récent passage à Kigali.

Devant la presse ce mercredi 5 mars 2025 à Kinshasa, le diplomate européen l'a révélé pour faire taire une certaine opinion qui accuse l'UE d'apporter son soutien à l'Ukraine agressé par la Russie par rapport à la RDC qui est également agressée par le Rwanda via la rébellion du M23.

"Par rapport à l'Ukraine, je dirais ceci le fait que l'Union européenne ait communiqué par notre Haute Représentante est ainsi claire et si forte par rapport à la violation de l'intégrité territoriale de la République Démocratique du Congo par le Rwanda et c'est ici parce qu'on est Europe on voit ce conflit aussi sous une perspective de la guerre en Ukraine que nous tous pour des raisons évidentes ça été aussi quelque chose, un message de ma part au Président Rwandais Paul Kagame que l'Union Européenne n'accepte pas d'être accusée de double standards et de je ne sais pas quoi", a-t-il fait savoir devant la presse à l'issue de son séjour à Kinshasa.

Pour le diplomate européen, le respect du droit international doit être respecté par tous sans distinction. À l'en croire, son institution a déjà donné le ton depuis la dernière réunion des ministres des affaires étrangères qui avait statué sur la situation de la République Démocratique du Congo.

"C'est pour ça que pour nous c'est la même chose s'il y a une violation de l'intégrité du territoire souverain d'un pays autre si cela se passe en Afrique, en Europe, en Amérique Latine ou en Asie c'est la même chose et c'est pour ça il faut être très très clair là dessus, ça été aussi la tonalité des discussions à Bruxelles et peut-être aussi la perspective européenne ce que nous nous trouvons tous si on réside en Asie, en Afrique, en Europe nous nous trouvons tous dans une situation où l'ordre mondial fondé sur les règles, le respect du droit international, cet ordre est actuellement sous énormément des pressions, c'est aussi pour celà que c'est tellement important pour nous d'envoyer un message très clair et très fort", a souligné le représentant spécial de l’Union européenne (UE) pour la région des Grands Lacs, Johan Borgstam.

Partisane de la solution politique que militaire, l'Union Européenne s'est montrée optimiste quant à la tenue d'un dialogue entre Kinshasa et Kigali.

"Je crois que le scénario que vous venez de décrire c'est-à-dire c'est un scénario ou on trouve pas de solution politique, qu'on arrive pas à une solution politique c'est surtout c'est scénario qu'il faut éviter à tout prix parce-que la souffrance dans l'Est de votre pays est déjà montée à des niveaux qui sont difficilement compréhensibles, deuxièmement on se rappelle tous de ce qui se passait aussi dans le passé s'il y a des situations où on n'a pas réussi à arriver à des solutions politiques par exemple ce qui se passait entre 1998 et 2002 une des raisons pour lesquelles nous travaillons acharnement avec les leaders, les peuples dans la région c'est pour tout ce que nous pouvons pour éviter un embrasement régional", a-t-il fait remarquer dans sa réponse à la question de savoir qu'elle est la ligne rouge de l'UE au cas il n'y aura pas des solutions dans le dialogue entre Kinshasa et Kigali.

La résurgence de la rébellion du M23 dans l’est du pays est des crispations diplomatiques entre Kigali et Kinshasa. Depuis novembre 2021, avec le soutien du Rwanda, les rebelles du M23 occupent désormais de larges pans de la province du Nord-Kivu et du Sud-Kivu provoquant le déplacement des populations civiles et aggravant davantage la situation sécuritaire et humanitaire dans cette partie du pays.

Par sa lettre du 24 janvier 2025, adressée à l’ambassade du Rwanda à Kinshasa, la ministre d’État, ministre des Affaires étrangères, coopération internationale et Francophonie Thérèse Kayikwamba Wagner avait annoncé le rappel à Kinshasa de tous les diplomates congolais en exercice à l’Ambassade de la République Démocratique du Congo (RDC) basée à Kigali, au Rwanda. 

La cheffe de la diplomatie congolaise a, par la même occasion, demandé aux autorités rwandaises compétentes « de tirer toutes les conséquences de cette décision. ». Ainsi,  elle appelle à la cessation, dans un délai de 48 heures, de toutes les activités diplomatiques et consulaires de l'Ambassade de la République du Rwanda à Kinshasa. Il s’agissait en clair de la rupture totale des relations diplomatiques entre les deux pays.

Après plusieurs dénonciations de Kinshasa, sa voix semble désormais attendue au niveau des instances internationales. Depuis quelques semaines, la pression internationale se fait de plus en plus manifeste contre le Rwanda, dans le cadre de l’offensive du M23 dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC).

Clément MUAMBA