RDC : flou sur le mandat de la SAMIDRC, Kinshasa veut aligner le processus de Nairobi sur celui de Luanda

Tshisekedi et Lourenço à Luanda
Tshisekedi et Lourenço à Luanda

La Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) se prépare à tenir un nouveau sommet extraordinaire des chefs d’État et de gouvernement consacré à la situation sécuritaire dans l’Est de la République démocratique du Congo, ont annoncé des responsables de l’organisation régionale. Cette annonce a été faite lors d’une réunion virtuelle de la Troïka de l’Organe de la SADC, le 6 mars, sous la présidence de Samia Suluhu Hassan, présidente de la République unie de Tanzanie.

Cette réunion a également permis aux chefs d’État d’examiner le mandat de la Mission de la SADC en RDC (SAMIDRC), dont les contingents déployés à Goma peinent à définir leur rôle dans un contexte sécuritaire en constante évolution. Un rapport du sous-comité de la défense sur la révision du mandat de la mission a été présenté aux dirigeants, selon un communiqué officiel de la SADC.

Tensions régionales et processus diplomatiques

Sur le plan diplomatique, la RDC continue de défendre le processus de Luanda comme cadre principal de résolution du conflit, malgré l’existence d’une autre initiative régionale portée par le processus de Nairobi. Thérèse Kayikwamba Wagner, ministre d’État en charge des Affaires étrangères, a réitéré cette position devant les membres du Corps diplomatique accrédité en RDC, tout en prônant un alignement des deux initiatives sous l’égide de l’Union africaine.

Le président congolais Félix Tshisekedi a, de son côté, réaffirmé sa confiance en la médiation de son homologue angolais Joao Lourenço, désormais à la tête de l’Union africaine, lors du sommet de la Troïka de la SADC.

Présence de l’Union européenne et préoccupations des Nations Unies

L’Union européenne suit également de près l’évolution de la situation. Johan Borgstam, représentant spécial de l’UE pour la région des Grands Lacs, a effectué une visite en RDC du 2 au 5 mars, rencontrant le président Tshisekedi pour évoquer les efforts régionaux en faveur de la paix.

Pendant ce temps, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) a lancé un appel à contributions dans le cadre de sa Mission d’établissement des faits (MEFK). Cette initiative vise à recueillir des informations sur les violations des droits humains et du droit international humanitaire, en particulier celles touchant les femmes, les enfants, ainsi que les violences sexuelles et basées sur le genre dans le contexte des combats au Nord-Kivu et au Sud-Kivu.

Le Parlement congolais scrute le financement de l’effort de guerre

Face à la poursuite des combats contre l’AFC/M23, la commission Économique, financière et contrôle budgétaire (ECOFIN) de l’Assemblée nationale a entamé une série d’auditions des membres du gouvernement. Objectif : évaluer l’allocation des ressources à la défense et à la sécurité.

Le 6 mars, le Vice-Premier ministre en charge de la Fonction publique, Jean-Pierre Lihau, a été entendu par les députés. Dans les prochains jours, ce sera au tour du ministre du Budget, du ministre des Finances, de la Défense et de la gouverneure de la Banque centrale d’être interrogés sur l’usage des fonds publics destinés aux forces armées.

Cette initiative parlementaire intervient alors que les dépenses sécuritaires et humanitaires ont considérablement augmenté en RDC, passant de 3 % du budget national en 2021 à 22 % en 2023.