La ville de Goma a été secouée par une série d'incidents violents qui ont coûté la vie à trois personnes entre samedi 8 et dimanche 9 mars. Le premier incident a eu lieu dans l’après-midi au quartier Katindo, dans la commune de Goma. Plusieurs témoins ont rapporté qu'un groupe de jeunes, dont la victime, jouait au jeu de cartes près de trois paillotes, lorsqu'un groupe d'éléments du M23 a fait irruption.
Selon des sources locales, ces derniers ont embarqué certains jeunes, dont la victime, qui a été tuée en cherchant à s'échapper dans une clôture. C'est à ce moment-là qu'un militaire du M23 lui a tiré une balle dans la tête.
« Il courait pour échapper à ses agresseurs qui venaient de prendre en otage plusieurs autres jeunes. Il s'est faufilé dans une clôture pour essayer de se cacher. C’est à ce moment-là qu'un des soldats du M23 l’a abattu d’une balle en pleine tête », a déclaré un témoin.
Le deuxième meurtre a eu lieu au quartier Majengo, au nord de Goma, dans la nuit de samedi à dimanche. La victime, Jackson Kilimandjaro Mutondwe, fils de l’ancien député provincial élu de Goma, Nzanzu Kenda Kenda Valérien, a été tué dans sa maison vers 1h du matin par des assaillants armés non identifiés.
Selon plusieurs sources, les tueurs ont réussi à s'introduire chez lui et ont emporté une importante somme d'argent avant de disparaître.
« Il n’avait rien à voir avec les problèmes politiques ou militaires. Il était un père de famille et un homme de bien. C’est vers une heure que les bandits sont venus chez lui, lui ont demandé de l'argent, puis ont tiré sur lui devant sa femme et ses enfants. C’est terrible de voir comment la violence touche même les innocents », a déclaré un voisin en pleurs.
Le troisième incident a eu lieu dans la matinée de ce dimanche, lorsqu’un corps sans vie a été découvert sur l'avenue Mutakato, dans le quartier Mabanga Sud, derrière la maison d'habillement Kasé Chine. D'après un habitant de cette contrée, le cadavre, qui portait des traces de blessures visibles et avait les pieds liés par une corde, n'a pas pu être identifié par les habitants. Un cadre local a précisé que la victime semblait avoir été tuée avant d’être abandonnée.
« C'est un cadavre que personne ne reconnaît. Il a été abandonné ici comme un chien. Nous demandons à la population et surtout aux jeunes de joindre leurs efforts aux services de sécurité, que nous appelons à diligenter des enquêtes afin d’élucider les vraies circonstances dans lesquelles cette situation macabre s’est produite », a déclaré à ACTUALITÉ.CD un cadre de base.
Le corps a été transporté à la morgue de l'hôpital provincial du Nord-Kivu, alors que les autorités tentent toujours d’élucider les circonstances de ce meurtre.
La soirée du 8 au 9 mars a également été marquée par des actes de cambriolage. Au quartier Kyeshero, près de l’église Mama Maria, plusieurs maisons ont été dévalisées par des assaillants munis d'armes blanches. Les malfaiteurs ont emporté des biens de valeur, semant la terreur dans le quartier. Toujours dans la soirée, un autre incident a eu lieu au quartier Himbi, dans la rue pavée. Un homme a été attaqué par des bandits armés, mais il a réussi à se défendre et à prendre l'arme d’un des assaillants.
Les incidents violents à Goma ne sont plus une rareté. Avec l’occupation de la ville par des rebelles du M23 et l’évasion massive des détenus de la prison centrale de Munzenze, la situation de l'insécurité s’aggrave de jour en jour. La population vit dans la peur constante, et les autorités semblent démunies face à cette montée de la violence.
Au mois de février, au moins 53 personnes ont été tuées dans des circonstances violentes, à Goma et à Nyiragongo. Cette violence, qui semblait autrefois sporadique, devient de plus en plus endémique, avec des civils pris par la terreur. Les habitants, quant à eux, expriment leur désespoir.
« On ne sait plus à qui faire confiance. Les autorités ne font rien, et chaque jour, nous perdons des gens. Qui sera le prochain ? », s’interroge une habitante, le regard perdu dans la peur de l'incertitude.
Josué Mutanava, à Goma