C’est une évidence que les Kinois qui sortent régulièrement ne réfuteront pas. Le transport à Kinshasa, capitale de la RDC, est mis en mal à cause des nids-de-poule qui se sont multipliés sur quasiment toutes les routes, voire sur le boulevard du 30 juin, dans le centre ville.
Aucune commune n'est aussi épargnée. Les habitants de Lemba et Matete butent tous sur un gigantesque nid-de-poule sur boulevard Bypass à sous-région, créant un goulet d'étranglement sur la bande aller. Pas plus loin de là, sur la chaussée bifurquée du boulevard Lumumba, qui mène à l'aéroport international de Ndjili, plusieurs trous s'ouvrent à proximité de l'échangeur de Limete, sali par des bouteilles plastiques jetées par les Kinois qui y assistent aux organisations religieuses.
Le boulevard Lumumba, homonyme du tout premier ministre de la RDC, ouvre sur presque toutes les communes de la capitale. Il est curieusement parsemé, de bout en bout, des trous dont certains sont colmatés par du goudron de fortune, formant une forme de dos-d'âne. Toutes les avenues qui font jonction avec lui, dont Yolo Medical, présentent les mêmes problèmes.
Partant du stade des Martyrs jusqu'au boulevard du 30 juin, l'avenue des Huileries, très connue, se dégrade. Les avenues qui sont à son intercession présentent une image du désespoir. C'est le cas de l'avenue Kabinda, sur laquelle se trouve la chaîne nationale, RTNC. Elle est affreuse au niveau de la compagnie de panification pain victoire. Une fondrière très profonde obligent véhicules et motos de réduire la vitesse pour s'engager dans les eaux stagnantes d'au moins un mètre. À quelques pas de là, c'est l'avenue Nyangwe. Renommée pour le nombre excessif de débits de boisson qui la traversent, elle n’est plus praticable par les véhicules automobiles en raison de sa dégradation qui laisse à désirer. Même constat sur Kalembe lembe, dont ACTUALITÉ.CD avait effectué un reportage en mars de l’an dernier.
Les habitants des quartiers Righini et Salongo à Lemba, les étudiants de l'université de Kinshasa connaissent le gros trou qui s'étend sur la montagne de l'avenue de l'université, à quelques lieues de la station d'essence du rond-point Ngaba. C’est quasiment le calvaire. Tous les véhicules qui vont à la direction de l'Université de Kinshasa (UNIKIN) sont astreints à se disputer la bande retour, occasionnant un bouchon, qui ne laisse pas d'espace pour les piétons. Ces derniers s'obligent à faufiler entre les gros véhicules provenant du Kongo central, au péril de leur vie.
Au versant Est de la ville, dans le district de la Tshangu, une étudiante de l'Université Libre de Kinshasa (ULK), habitant la commune de Kimbanseke, témoigne des conditions douloureuses avec lesquelles elle sort et rentre. La parcelle étant à environ 20 mètres de la route Mokali, Grâce Bipendu confie à ACTUALITÉ.CD le danger qu'elle court sur les tricycles qui les transportent sur une chaussée qui n’existe presque plus.
« Je vous dis que c'est vraiment difficile. Je ne suis pas loin de là. Mais après les cours, je suis obligée, une fois sur Mokali, de prendre une moto pour me transporter afin d'entrer dans la parcelle. La route est bizarre, c'est désolant », a-t-elle dit.
La liste des routes à la base des sempiternelles inquiétudes des chauffeurs et habitants de la ville de Kinshasa n'est pas exhaustive. En 2022, le gouvernement national avait lancé un vaste projet dénommé «Kinshasa zéro trou», qui consistait à la réhabilitation de 85,99 kilomètres pour un coût global de 32 millions USD. D'après Alexis Gisaro, ministre des infrastructures et travaux publics, la phase générique de ce projet a consisté à réhabiliter 39 kilomètres avec 19 artères. La deuxième phase avait fait 46 kilomètres sur 27 artères, avec une source de financement du trésor public.
Néanmoins, entre les affirmations de M. Gisaro et la réalité sur terrain, il y a un fossé, les populations continuent de croupir en mettant des heures entières pour relier leurs destinations à cause de l'état repoussant des routes de la première ville de la RDC.
Samyr LUKOMBO