Dans une tribune à l’occasion de la célébration de la Journée internationale des droits de la femme, célébrée ce 8 mars à travers le monde, Raïssa Malu, ministre d'État en charge de l’Éducation nationale et nouvelle citoyenneté en RDC, souligne la nécessité de soutenir l’éducation des filles. Selon la ministre, l’éducation des filles n’est pas simplement une question de justice sociale, mais plutôt « un enjeu de développement, de stabilité et de prospérité ».
Évoquant la récente enquête démographique et de santé (EDS-RDC III, 2023-2024), Raïssa Malu regrette que seulement 59 % des femmes âgées de 15 à 49 ans soient alphabétisées, comparativement à 86 % des hommes, soulignant une forte disparité de genre dans l’accès à l'éducation. De plus, il existe une disparité notable dans les taux de fréquentation scolaire spécifiquement pour les filles, avec 81 % au niveau primaire contre seulement 55 % au niveau secondaire. La situation est particulièrement alarmante pour les provinces du Nord-Kivu, du Sud-Kivu, de l’Ituri et du Kasaï.
« Éduquer une fille, c’est lui offrir des perspectives d’avenir et lui donner les moyens d’accéder à l’indépendance économique », note Raïssa Malu dans sa tribune.
Elle plaide également pour l’inscription des filles dans les filières scientifiques et techniques.
« Les stéréotypes de genre continuent d’orienter les jeunes filles vers des domaines moins valorisés économiquement, réduisant ainsi leurs opportunités professionnelles. Encourager les filles à s’orienter vers les sciences, les mathématiques et l’entrepreneuriat est un enjeu stratégique pour le développement du pays », souligne la ministre.
Les efforts du gouvernement en faveur de l’éducation
Dans sa tribune, Raïssa Malu évoque également les efforts du gouvernement en faveur de l’éducation, tant pour les filles que pour les garçons. Elle cite d’abord la gratuité de l’enseignement primaire, qui a permis une hausse significative des inscriptions, particulièrement chez les filles.
« Bien que cette politique constitue un tournant historique, elle ne résout pas entièrement les défis liés à la scolarisation durable. Les classes surchargées, le manque d’enseignants qualifiés et les infrastructures inadaptées restent des obstacles importants », note la ministre.
Pour y faire face, Raïssa Malu indique que le gouvernement a mis en place le Projet d'Amélioration de la Qualité de l'Enseignement Primaire (PEQIP), « spécifiquement axé sur la construction et la réhabilitation d’écoles primaires équipées d'infrastructures adéquates, notamment des sanitaires séparés pour les filles, particulièrement en milieu rural ».
Pour les filles, le gouvernement a également mis en place le Projet d'Apprentissage et d'Autonomisation des Filles (PAAF), qui « finance des bourses scolaires, accompagne la réintégration des filles-mères et forme les enseignants à l'égalité des genres, particulièrement au niveau secondaire où le décrochage est critique ».
D’autres actions, comme la Stratégie nationale d’alimentation scolaire, le Plan quinquennal 2024-2029 du ministère de l’Éducation nationale et nouvelle citoyenneté, la campagne pour la citoyenneté active, ainsi que l’éducation en situation d’urgence, sont mises en place par le gouvernement à travers le ministère pour améliorer le système éducatif congolais.
Raïssa Malu a aussi appelé à la cessation de l’agression rwandaise dans l’Est de la RDC, qui affecte négativement la vie de plusieurs enfants en âge scolaire.
Bruno Nsaka