La ministre d’État en charge de l’Éducation nationale et de la Nouvelle Citoyenneté, Raïssa Malu, a présenté au Conseil des ministres un bilan alarmant de l’impact de l’agression rwandaise sur le secteur éducatif dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, à l’est de la République démocratique du Congo (RDC).
Dans son rapport, elle a révélé que 2 594 écoles ne sont plus fonctionnelles, dont 1 483 au Nord-Kivu et 1 111 au Sud-Kivu. Cette situation a laissé 1 108 962 élèves sans accès à l’éducation. En outre, 35 écoles ont été détruites, 45 autres se retrouvent sans mobilier après que leurs bancs ont été utilisés comme bois de chauffe. Trois établissements sont occupés au Nord-Kivu, tandis que 49 autres le sont au Sud-Kivu. Par ailleurs, 48 écoles servent d’abris aux déplacés internes, et une a même été transformée en cimetière.
Le rapport souligne que l’insécurité entrave gravement le fonctionnement du système éducatif. Certaines écoles sont utilisées comme bases militaires, et la présence d’engins explosifs a été signalée dans plusieurs établissements. À Goma, la situation est particulièrement préoccupante, une psychose collective empêche une reprise normale des cours, et des cas de recrutement forcé d’élèves par des groupes armés ont été documentés.
Face à cette crise, la ministre a rappelé les mesures déjà prises pour assurer la continuité de l’apprentissage et la protection des élèves, tout en annonçant des actions supplémentaires pour faire face à cette situation critique.
Dans le cadre de la politique de Nouvelle Citoyenneté, une campagne de sensibilisation à la citoyenneté active est en cours afin de mobiliser les communautés en faveur du droit à l’éducation et de la protection des écoles contre toute forme de violence. Cette initiative vise à responsabiliser la population face aux défis de l’éducation en période de crise et à promouvoir la résilience. La ministre Raïssa Malu a également assuré que son ministère poursuivait ses efforts pour garantir l’accès à l’éducation malgré les menaces sécuritaires.
« Une réponse concertée et renforcée est essentielle pour garantir un accès sûr et durable à l’éducation. Il est impératif que l’ensemble du gouvernement et les partenaires internationaux se mobilisent afin de soutenir les actions en cours et d’empêcher l’effondrement du système éducatif dans ces zones en proie à l’insécurité », a-t-elle déclaré.
Dans un communiqué publié le 26 février, l’UNICEF a exprimé sa profonde préoccupation face à l’augmentation des violations graves contre les enfants dans l’est de la RDC. Depuis la reprise des violences le 24 janvier 2025, le nombre d’incidents signalés a triplé. Les cas de violences sexuelles ont doublé, les enlèvements ont été multipliés par six, les meurtres et mutilations par sept, et les attaques contre les écoles et les hôpitaux par douze.
L’agence onusienne souligne également que l’effondrement des services essentiels a laissé des milliers d’écoles fermées, séparé des enfants de leurs familles et exposé la population à des dangers accrus en raison de l’absence de sécurité et de justice, des évasions massives de prisonniers et de la prolifération des armes.
Clément Muamba