L’ancien porte-parole de l’Alliance pour la majorité présidentielle (AMP), André-Alain Atundu, rejette fermement la proposition d’instauration d’un système fédéral en République Démocratique du Congo (RDC), portée par Olivier Kamitatu, directeur de cabinet de Moïse Katumbi. Dans une tribune publiée mardi, l’ambassadeur Atundu qualifie ce projet de « cosmétique », « inopportun » et « à rejeter dans les oubliettes », affirmant qu’il ne contribuerait en rien à une gouvernance plus efficace du pays.
Pour Alain Atundu, ce débat survient dans un contexte où l’unité nationale est cruciale face à « l’agression rwandaise » dans l’Est de la RDC. Il déplore une distraction politique qui, selon lui, banalise les souffrances des populations congolaises.
« Il serait indécent, presque ridicule, d’engager un débat républicain byzantin sur la nature de l’État alors que nos frères et sœurs du Kivu subissent des atrocités. Cela reviendrait à relativiser les crimes contre l’humanité perpétrés par les troupes rwandaises et leurs supplétifs », écrit-il.
Selon lui, passer d’un État unitaire décentralisé à une République fédérale reviendrait à faire un bond en arrière, compromettant l’évolution administrative que le pays a connue depuis l’époque coloniale.
Alain Atundu met en garde contre le danger que pourrait représenter un tel changement, évoquant le spectre de la balkanisation.
« Ce projet suppose le déménagement d’une République une et unie vers une structure fédérale, ce qui risquerait de réveiller les vieux démons de la sécession », estime-t-il.
Il critique également le silence de Kamitatu sur les défaillances du système de décentralisation actuellement en vigueur, accusant l’ancien président de l’Assemblée nationale de transition de proposer une réforme structurelle sans un diagnostic approfondi des pratiques existantes.
Dans sa tribune, Olivier Kamitatu avait plaidé pour une république fédérale structurée autour de cinq grandes régions : l’Orientale, l’Équateur, le Kongo, le Kasaï et le Katanga. Il soutient que la gouvernance centralisée actuelle n’a pas permis de résoudre les défis liés à la gestion des ressources naturelles, à la pauvreté ou encore aux conflits armés.
Mais pour Alain Atundu, ce plaidoyer passe à côté du problème principal, celui du non-respect de la Constitution et la mauvaise gestion des institutions.
Une position partagée par d’autres voix politiques, notamment Patrick Kanga du PPRD, pour qui il est « prématuré » d’envisager un changement de la structure étatique. Il plaide plutôt pour l’application effective de la décentralisation telle que prévue par la Constitution du 18 février 2006.
Samyr Lukombo