RDC : Le Crefdl révèle un écart inexpliqué de 94,1 millions entre les fonds reçus par FOMIN et ceux déclarés à l’ITIE entre 2020 et 2022

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Photo d'illustration.

Dans son analyse des revenus générés par le secteur extractif (mines et pétrole) en République démocratique du Congo entre 2020 et 2022, rendue publique ce mercredi 15 avril, le Centre de recherches en finances publiques et développement local (Crefdl) révèle d'importantes irrégularités financières, suscitant l'inquiétude des observateurs et de la société civile.

Les chiffres officiels montrent que le FOMIN a reçu 346,1 millions USD sur la période 2020-2022, dépassant ainsi de 55,9 % les prévisions initiales de 221,9 millions USD. Cependant, seuls 252 millions USD ont été déclarés à l'Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE-RDC), créant un écart inexpliqué de 94,1 millions USD.

Le Crefdl a identifié un transfert controversé de 100 millions USD du FOMIN vers le Trésor public. Cette opération, liée à l'émission de bons du Trésor par le ministère des Finances, soulève des questions sur l'utilisation des fonds destinés aux générations futures.

Pourtant, le FOMIN a été créé pour constituer des réserves financières en vue de l'après-mine, avec pour vocation de financer la recherche minière via le Service géologique national, investir dans des projets de développement durable, participer à la transformation locale des minerais et diversifier l'économie nationale.

Déjà, dans un communiqué daté du 9 janvier 2025, les organisations de la société civile avaient dénoncé une tentative de détournement des fonds dans le cadre du FOMIN. Elles avaient révélé qu'une réunion s'était tenue le 24 décembre 2024 entre le ministre des Finances, Doudou Fwamba, et les responsables du FOMIN, sur instruction de la Première ministre, Judith Suminwa, pour organiser le transfert des fonds vers le budget général.

Ainsi, le Crefdl appelle le gouvernement à renforcer les mécanismes de transparence dans le cadre du processus ITIE en RDC, en vue de capter davantage de revenus issus des industries extractives.

Cette structure appelle également la Cour des comptes et l'Inspection générale des finances (IGF) à auditer la chaîne des recettes du secteur extractif pour déterminer le volume réel des encaissements de l'État et exiger une plus grande redevabilité des autorités.

Bruno Nsaka