Kinshasa-AFC/M23: chaque tentative de réconciliation avec les groupes armés sans justice ni réforme profonde, a contribué à affaiblir les institutions et renforcer l'impunité, Filimbi trace les lignes rouges à ne pas franchir

Les rebelles du M23 à Kibumba
Les rebelles du M23 à Kibumba

Alors que le communiqué conjoint des délégués du gouvernement et de la rébellion de l'AFC/M23 et l'accord des principes signés entre le gouvernement de la RDC et du Rwanda sous la médiation américaine sont considérés comme des avancées pour le retour de la paix dans l'Est de la République Démocratique du Congo, ces démarches menées sous les auspices des puissances extérieures inquiètent d'autres entités.

Dans une déclaration faite ce lundi 28 avril 2025, le mouvement citoyen Filimbi "sifflet, en swahili", déplore le fait que chaque tentative de réconciliation avec les groupes armés, menée sans justice ni réforme profonde, a contribué à affaiblir les institutions, renforcer l'impunité et encourager la multiplication des rébellions. 

"Ces démarches, menées sous pression régionale et internationale avec les Etats-Unis d'Amérique et le Qatar en tête, semblent reproduire un schéma bien connu:celui où la violence armée est récompensée par des compromis politiques, au détriment de la souveraineté nationale, de la justice pour les victimes, et de l'intégrité des institutions congolaises. Si un cessez-le-feu peut représenter un soulagement temporaire pour les populations meurtries, il ne saurait justifier certaines concessions qui touchent à notre dignité en tant que peuple", dit le mouvement citoyen Filimbi.

Face à cette situation et en vue de rompre avec le cycle infernal d’impunité, le mouvement citoyen Filimbi pose plusieurs lignes rouges à respecter.

"Le refus du mixage ou de l'intégration politique des groupes armés. En effet, l'expérience post-2009 a clairement démontré que le mixage affaiblit notre armée, entraîne sabotages et perte de loyauté. Par conséquent, notre souveraineté exige une armée unie, disciplinée, fondée sur des principes républicains, pas des compromis fragiles; aucune amnistie ne doit être accordée pour les crimes graves. La justice demeure une condition sine qua non d'une réconciliation véritable. Dès lors, les crimes contre l'humanité, les viols massifs, les massacres, ne peuvent être effacés par un simple accord politique. À défaut de sanction, l'impunité prépare inévitablement les violences futures" a révélé le mouvement citoyen Filimbi.

Troisièmement, ce mouvement citoyen qui signifie "coup de sifflet" en swahili, rejette catégoriquement toute reconnaissance politique du M23. Pour eux, reconnaître un groupe armé, c'est en effet proclamer que la force prime sur la volonté démocratique. "Or, en 2023, malgré les fraudes massives, les Congolais ont choisi les urnes plutôt que les armes. Ce choix, fondamental, doit être respecté", a martelé Filimbi dans sa déclaration.

Par ailleurs, le mouvement citoyen insiste sur le respect de l'intégrité du territoire national et l'importance de la justice et la réparation des victimes.

"La souveraineté nationale reste inaliénable. Notre intégrité territoriale n'est pas négociable. Ainsi, toute tentative d'autonomie forcée ou de fédéralisation par la force constituerait un précédent dangereux. À ce titre, l'occupation continue de Bunagana depuis 1050 jours, de Goma depuis 91 jours et de Bukavu depuis 72 jours par le M23 soutenu par le Rwanda et l'Ouganda rappelle une période sombre que notre pays doit impérativement éviter; il n'y aura pas de paix durable sans vérité, justice et réparation pour les victimes. La paix repose sur la reconnaissance des souffrances et la vérité historique. Ignorer ces blessures au nom d'une « paix rapide» serait une illusion dangereuse", a prévenu le mouvement citoyen Filimbi.

Pour Filimbi, la société civile doit être pleinement impliquée dans le processus de paix. Elle ne doit pas se limiter à un rôle de spectatrice. À contrario, une paix décidée loin des populations concernées est vouée à l'échec. Pour Filimbi, Il est d'ailleurs manifeste que le processus de Nairobi en 2022 a échoué en partie faute de prise en compte des voix citoyennes.

En présence du secrétaire d’État américain, Marco Rubio, Thérèse Kayikwamba Wagner, Ministre d'État, ministre des Affaires Étrangères, Coopération Internationale et Francophonie de la RDC et son homologue rwandais, Olivier Nduhungireye ont signé une « déclaration de principes » pour un accord visant à promouvoir la paix et le développement économique dans la région des Grands Lacs, tout en mettant fin au conflit qui ravage l’Est de la RDC.

Parallèlement à cette démarche, les délégués du gouvernement congolais et ceux de l'AFC/M23 disent vouloir "œuvrer à la conclusion d'une trêve". Ils l'ont fait savoir dans une déclaration conjointe lue sur la chaîne nationale après des discussions à Doha sous la médiation du Qatar.

Clément MUAMBA