Pour les solutions à l’insécurité à Beni, le député Paul Muhindo croit à la « grande expérience de Mbusa Nyamwisi sur les questions liées à la sécurité »

Mbusa Nyamwisi/Ph droits tiers

Antipas Mbusa Nyamwisi, président du RCD/KML, a annoncé, ce mardi 18 juin 2019, la suspension de sa participation aux activités de la coalition Lamuka. Il affirme être en concertation avec Félix Tshisekedi pour apporter sa contribution dans la lutte contre le virus Ebola et l'insécurité dans l'Est du pays, notamment à Beni, Butembo et dans l'Ituri.

Le député national Paul Muhindo, membre du RCD/KML, croit à la démarche menée par son leader, particulièrement en ce qui concerne l’insécurité car, soutient-il, M. Nyamwisi a une « grande expérience sur les questions sécuritaires ».

Comment expliquez-vous la décision de Mbusa Nyamwisi ?

Je crois que c'est une position que je trouve sage, aussi bien réfléchie et patriotique. C’est depuis plus de sept ans que l’insécurité et tueries persistent à Beni, à cela s’ajoute l’épidémie d’Ebola. C’était suite à une mauvaise gouvernance que nous avions décriée dans notre pays. Maintenant qu'il y a eu alternance, un changement du pouvoir, nous pensons qu’il est important d'apporter une connaissance, une expérience dans la recherche des solutions à ces problèmes-là. Nous pensons qu'il a l’accompagnement du parti dans cet objectif-là parce que ce sont nos concitoyens qui sont tués chaque jour. C’est une décision qui a été discutée et nous la soutenons.

Pourquoi ne pouvait-il pas impliquer ses pairs de Lamuka, intégrer sa démarche dans le cadre de la coalition ?

Vous savez ce n'est pas simplement maintenant, il ne s'est pas réveillé comme ça comme un homme libre et décider de la sorte. Ses collègues étaient bien au courant de cette position. D’ailleurs il a expliqué dans sa lettre qu’au cours des réunions à Bruxelles, il avait bien signalé à ses collègues qu'il était en contact avec le pouvoir en place uniquement pour l’objectif lié à la réhabilitation de la sécurité au Nord-Kivu ainsi que la riposte contre la maladie à virus Ebola, donc ses autres collègues sont mieux au courant. Voilà pourquoi, jusque-là, il n'y a pas de problème, et il a tenu à ce que l’opinion soit aussi au courant, c’est un homme qui a une grande personnalité. Ses collègues dont les présidents Fayulu, Moïse, Bemba ainsi que les autres peuvent aussi davantage se concentrer sur les objectifs de la vérité des urnes mais au même moment nous concentrons nos efforts sur les tueries ainsi qu’Ebola au niveau de Beni.

Mbusa a été cité dans certains rapports comme étant l’un des promoteurs des groupes armés dans la région de Beni. Comment compte-t-il procéder pour mettre fin particulièrement à l’insécurité ?

Il y a eu plusieurs rapports qui citent plusieurs acteurs, il y a même l’ancien président Joseph Kabila qui avait été cité plusieurs fois dans ce qui se passe au Nord-Kivu, des généraux qui sont cités, des pays voisins, d'autres pays régionaux qui sont cités dans ce qui se passe là-bas. Je crois que l’essentiel aujourd'hui ce qu'il faut se concentrer sur l'ensemble des problèmes. Mbusa a une grande expérience sur les questions liées à la sécurité. Ancien ministre des Affaires étrangères, il a un carnet d'adresses bien rempli, donc nous pensons que toutes ces expériences peuvent bien permettre à cette nouvelle gouvernance de finir l’insécurité à Beni et au Nord-Kivu.

Comment à Beni et Butembo les partisans de Mbusa Nyamwisi ont-ils accueilli la décision de leur leader ?

Il faut dire qu'il y avait déjà une pétition qui était en circulation. Il a répondu aussi à l'appel de la base parce qu’il y avait une pétition qui circulait, qui d’ailleurs elle continue à circuler à Beni et Butembo, initiée par la population et qui s’adresse à nous les députés, au président de la République et à tous les membres de Lamuka de se concentrer d’abord sur la question de l'insécurité ainsi qu’Ebola. Et donc en agissant ainsi il a aussi répondu à un besoin de la base au niveau du Nord-Kivu.

Pendant la campagne électorale, Félix Tshisekedi avait promis de nommer un fils de Beni comme ministre de la Défense. Peut-on dire que Mbusa Nyamwisi se prépare à le devenir ?

Si le président Félix Tshisekedi aurait dit qu'il nommerait quelqu'un de Beni comme ministre de la Défense, c’est à Félix le président, je crois qu’il faut poser la question de savoir où il en est. Il ne revient pas à nous de répondre à sa place. Néanmoins, il est juste question de mettre l'expérience que nous avons car Mbusa maîtrise les questions du Nord-Kivu et de la sous-région. On n’est pas appelé à être nécessairement dans le gouvernement, donc étant dans le gouvernement ou pas nous nous concentrons d’abord sur l'élimination de l’Ebola ainsi que de l'insécurité et c'est ce qui est urgent.

Interview réalisée par Sandra Yowa