A Butembo (Nord-Kivu), le professeur Muhindo Mughanda, enseignant des Relations Internationales au sein des universités de la région, se dit surpris de voir le mandat de la Mission de l’organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République Démocratique du Congo (Monusco) être renouvelé sans qu’aucun dialogue ne soit engagé avec les habitants du Grand-Nord qui ne cessent de manifester pour exiger le départ de la Monusco.
Dans un entretien avec ACTUALITE.CD ce vendredi 20 décembre, au lendemain du renouvellement du mandat de la mission onusienne, le professeur Muhindo Mughanda craint que cela puisse compliquer la tâche à la Monusco, dans l’accomplissement de son nouveau mandat.
«J’ai été stupéfait de constater que le conseil de sécurité ait décidé de renouveler le mandat de la Monusco sans vouloir écouter ce que veulent les habitants du Grand-Nord. J’aurai voulu que les responsables de la Monusco écoutent le peuple avant toute résolution du renouvellement du mandat, parce que ça éviterait de donner l’impression qu’on se moque de cette demande populaire du départ de la Monusco, alors que, derrière ces manifestations, il y a des revendications légitimes de sécurité. Ça risque de compliquer la tache à la Monusco, parce que l’on sait que toute manœuvre militaire réussi en collaboration avec le peuple. Comment est-ce que cette Monusco va chaque fois avoir l'information pour être efficace sur terrain ? J'aurai voulu qu'on écoute d'abord ce peuple, au nom du principe d'autodétermination de peuples, garanti par la charte des Nations Unies", indique le professeur Muhindo Mughanda.
Maintenant que le mandat de la Monusco est renouvelé, cet universitaire plaide pour la mise en place d’une commission mixte de surveillance des actions de la Monusco, laquelle pourrait, d'après lui, aider à contrôler et conseiller à réorienter les actions de la Mission, pour plus d’efficacité sur terrain.
«Maintenant que son mandat vient d'être renouvellé, la Monusco doit penser à la réparation de l'erreur commise. Celle de n'avoir pas consulter le peuple, témoin de sa passivité. Il faut que le chef de la Monusco prenne soins de venir très urgemment à Béni ou Butembo pour parler au peuple, pour qu'il soit rassuré. Et les pourparlers doivent tournés autour de le nécessité de créer une commission mixte de surveillance des actions de la Monusco, pour l'aider à renforcer la protection des civils", a-t-il recommandé.
Au sujet de recommandation du conseil de sécurité des Nations Unies, celle de voir le gouvernement congolais coopérer avec la Cour pénale internationale (CPI), dans le cadre des probables enquêtes sur le massacres de Béni, le professeur Muhindo Mughanda pense que le conseil devrait plutôt élargir sa recommandation à d'autres États, dont les États-Unis, le Rwanda, l'Ouganda et la Tanzanie, qui semblent, d'après lui, avoir des implications dans le drame de Beni.
"Je pense que ce n'est pas seulement au gouvernement congolais qu'il faut lancer l'appel de la disponibilité de coopérer avec la CPI, parce que le Congo s'est toujours démontré coopérant, notamment dans le cas des affaires Bosco Ntaganda, Mathieu Ngudjolo, Jean Pierre Bemba, etc. Ce à qu'il faut demander de se prédisposer de plus, c'est aux États-Unis qui ont récemment déclaré connaître les rebelles ADf, et où se trouvent leur argent. Il faudra également élargir l'enquête auprès de l'Ouganda, le Rwanda et la Tanzanie qui ont un certain nombre d'intérêts dans l'affaire de massacres de Beni", recommende-t-il.
Le Conseil de sécurité des Nations Unies a renouvelé Jeudi dernier, pour un an, le mandat de la Monusco, pendant que dans le Grand-Nord-Kivu, l'on vit des manifestants des jeunes qui exigent le départ de la Monusco, l'accusant de ne rien faire pour protéger les civils.
Claude sengenya